« Des choses qui arrivent » à Alger: les nouvelles de Salah Badis. 

11 mai 2024 - 08:49

Alger, les années 1990. La vie quotidienne au raz des individus. Au raz des tous petits évènements qui façonnent le présent. Des impressions, des émotions. Les idées farfelues qui vous traversent la tête. Neuf courtes nouvelles comme des photos rangées en désordre dans un album.

Mais pas de soleil radieux sur Alger. La pluie. Il pleut sur Alger. Tristesse des situations. La blessure du tremblement de terre encore présente. La menace terroriste. Où barbus et « ninjas » sont aussi craints l’un que l’autre. Se sortir de ces terreurs !

Une post-modernité tropicalisée. Méditerranisée. La solitude sans la liberté ! L’enfermement.

Un monde désinstitutionnalisé. Vides de règles partagées, de règles publiques. Le pouvoir, l’Etat, à distance infinie. Dans une autre planète. La ville à l’abandon. Les formules creuses du pouvoir. Des « autorités » sans autre autorité que le contrôle, le bâton.

On se débrouille seul, sans soutien, sans institution. Avec les familles qui tentent de tenir sur un brin de règles. Les mères surtout, à surveiller leurs jeunes hommes. Les filles aussi.

Dans ces 9 nouvelles (1), Salah Badis (2) nous parle de sa ville. Fait parler sa ville au travers ses personnages si proches. De leurs aventures minuscules, comme ce que nous pouvons vivre. Et ces petits moments me parlent, éveillent des souvenirs lointains. Un peu comme à la lecture du roman d’Emmanuel Robles « Les Hauteurs de la ville », qui m’avait donné la même impression.

Comment penser ses souvenirs d’un monde qui a disparu, le monde colonial qui a agonisé dans l’effroi et la violence ? Comment se penser dans cette ville telle qu’elle est devenue aujourd’hui ?

L’auteur évoque des noms de lieux qui résonnent dans mes souvenirs d’enfant. Le Télemly, El Biar, le cimetière d’El Kettar… Et, dans la périphérie de la ville, Rouiba, Boumerdès…

* (1) « Des choses qui arrivent »,de Salah Badis, traduit de l’arabe( هذه أمور تحدث)  par Lofti Nia, co-édition Barzakh et Philippe Rey, 156 pages,

* (2) Né en 1994 à Alger, Salah Badis est journaliste, poète, écrivain et traducteur. Il est diplômé en sciences politiques de l’université d’Alger. Il collabore avec plusieurs médias arabes. En 2016 paraît son premier recueil de poésie suivi en 2019 de son recueil de nouvelles, tous deux publiés aux éditions Al-Mutawassit (Milan-Bagdad)

 Jacques Ould Aoudia, Économiste, et Vice président de l’association franco- marocaine «Migrations et développement ».

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