« Haikus de printemps et d’été » (note de lecture)

18 janvier 2025 - 21:26

Les grands classiques sont convoqués sur ce court ouvrage. Bashô, Buson, Issa, Chiyo-ni, Ryôkann Shiki, Sôseki… nous offrent ces courts poèmes comme autant d’instantanés. Des textes qui s’égrènent au fil des pages, comme un véritable livre d’images, un album photos. Sur la société japonaise. Sa sensibilité à la nature, son humour, son regard sur l’autre… Rien à faire d’autre que de livrer quelques perles de ce recueil.

Ces poèmes en forme d’invitation à lire tous les autres dans la belle et sobre publication des Editions folio sagesses.

Un album photo ? Plutôt de très brèves séquences de vidéo, bien dans l’air du temps présent, à fixer l’attention en une fraction de seconde:

« J’éternue –

Et je ne vois plus

L’alouette »

Yokoi Yayû

 

« Nuées d’oies sauvages –

Le champ devant ma porte

Semble s’éloigner »

Yosa Buson

 

« Viel étang –

Au plongeon d’une grenouille

l’eau se brise »

Matsuo Bashô

« Poursuivie

la luciole s’abrite

dans un rayon de lune »

Ôshima Ryôta

 Avec irrespect et humour

« Sur l’image sainte

Elle lâche une fiente –

l’hirondelle »

Yosa Buson

 

« Enamouré

Le chat oublie le riz

Qui colle à ses moustaches »

Tan Taigi

 

Délicates évocations

« Au nectar d’orchidée

le papillon

parfume ses ailes »

Matsuo Bashô

 

« La lampe éteinte

les étoiles fraîches

se glissent par la fenêtre »

Natsume Sôseki

 

« Nuit d’été –

le bruit des socques

fait vibrer le silence »

Matsuo Bashô

 

Réaliste, surprenant

« Un être humain

une mouche

dans la chambre vaste »

Kobayashi Issa

 

« Dans le vieux puits

un poisson gobe un moustique –

l’eau fait un bruit noir »

Yosa Buson

Graphique

« Dans le ciel

le coucou et l’alouette

chantent en croix »

Mukai Kyorai

 

Les grands sujets

« Enseveli

dans un rêve de fleurs –

je voudrais mourir à l’instant »

Ochi Etsujin

 

« Puisqu’il le faut

entrainons-nous à mourir

à l’ombre des fleurs »

Kobasashi Issa

Précis comme une photo

« Le doigt blessé

du maçon

au rouge de l’azalée »

Yasa Buson

Fraicheur

« Des îles

des pins sur les îles

et le bruit frais du vent »

Mazaoka Shiki

 

& & &

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Un haïku (俳句) est un poème d’origine japonaise extrêmement bref, célébrant l’évanescence des choses et les sensations qu’elles suscitent. Un haïku évoque généralement une saison (le kigo) et comporte souvent une césure (le kireji). Le haïku est une forme poétique très codifiée et dont la paternité, dans son esprit actuel, est attribuée au poète Bashō Matsuo (1644-1694). Le haïku tire son origine du haïkaï (俳諧, haikai?), abréviation de haikai no renga, un genre de renga drôle, léger, parfois frivole et grivois. Le haïkaï se distinguait ainsi des autres genres poétiques japonais, où étaient cultivés avant tout l’élégance et le raffinement. Il s’est développé avec Sōkan et Arakida Moritake au XVIe siècle. (Wikipédia).

Jacques Ould Aoudia est Économiste, et Vice-président de l’association franco- marocaine « Migrations et développement ».

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