Avec ce texte d’une grande audace, l’auteur tresse dans un même récit plusieurs thèmes puissants. Celui de l’Empire et de sa frontière avec l’Autre, le « barbare ». Celui de la vieillesse et de l’érosion des capacités physiques. Celui, plus profond encore, de l’accès à l’Autre, à l’étranger. Comment percer le mystère de l’altérité ?
Et peut-être, le thème qui traverse tous les autres : comment tenir une position « humaniste progressiste » dans une société qui domine un autre peuple ? Dans un environnement où montent en puissance le rejet de l’autre, le refus de l’échange, de l’écoute. Le piétinement des valeurs humaines fondamentales, jusqu’à la déshumanisation. Une situation où la domination par la force s’impose comme une évidence « tranquille » …
Cette position « d’humaniste progressiste » ne manque pas d’ambiguïté, d’ambivalence… finalement de faiblesse. C’est le tourment du magistrat !
Ce dernier thème est, malheureusement, d’une cruelle actualité !
* John Maxwell Coetzee est un romancier et professeur en littérature australien, d’origine sud-africaine, lauréat du prix Nobel de littérature en 2003. Marquée par le thème de l’ambiguïté, la violence et la servitude, son œuvre juxtapose réalité politique et allégorie afin d’explorer les phobies et les névroses de l’individu, à la fois victime et complice d’un système corrompu qui anéantit son langage (Wikipédia)
Jacques Ould Aoudia est Économiste, et Vice-président de l’association franco- marocaine « Migrations et développement ».