Le président de l’Instance nationale de la probité, de la prévention et de la lutte contre la corruption (INPPLC) Mohammed Bachir Rachdi a appelé à amplifier la dynamique de prévention de la corruption à l’échelle du continent africain et, plus largement, d’ouvrir la voie vers un développement inclusif et durable.
Dans une allocution à l’ouverture d’une conférence internationale dur le thème « Douze ans après la déclaration de Marrakech: l’Afrique se mobilise pour renforcer le rôle de la prévention contre la corruption », il a indiqué, à Rabat, que le Maroc, qui a lancé une stratégie nationale de lutte contre la corruption fin 2015, a connu ces cinq dernières années des changements profonds, notamment sur le plan législatif après l’entrée en vigueur de la loi 46-19 relative à l’élargissement du champ d’action de l’INPPLC.
Sur les dernières années, la détermination à lutter contre la corruption sur le continent africain s’est renforcée et a même été sanctuarisée dans l’Agenda 2063 de l’Afrique, soutenue par la mise en place de cadres juridiques universels, tels que la Convention de l’Union africaine sur la prévention et la lutte contre la corruption, dûment ratifiée par le Maroc en 2022.
Rappelant les chiffres contenus dans le rapport de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) sur le développement économique en Afrique, Bachir Rachdi a indiqué qu’en 2020, des fonds de 88,6 milliards de dollars ont quitté le continent africain sous forme de flux illicites de capitaux
Pour sa part, la chef de la section lutte contre la corruption et la criminalité économique à l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), Brigitte Stobel-Shaw, a souligné qu’il est essentiel de « ne pas s’arrêter aux progrès qui ont été réalisés en la matière, mais de regarder vers l’avenir pour ce qui doit être fait » afin de mettre pleinement en œuvre les mesures de prévention énoncées dans la Déclaration de Marrakech sur la prévention de la corruption, adoptée en 2011.
Même après plus d’une décennie de l’adoption de la Déclaration de Marrakech, la corruption « continue de faire les gros titres » de par le monde, a-t-elle précisé, insistant sur l’importance de mettre fin à l’impunité.
« Plusieurs formes de corruption posent actuellement un obstacle significatif sur la voie du développement durable, rendant impératif de renforcer et d’étendre la mise en œuvre des mesures préventives prévues dans la Déclaration de Marrakech, favorisant ainsi un environnement plus transparent et responsable », a noté Mme Stobel-Shaw.
Dans son intervention, la présidente du Conseil consultatif anti-corruption de l’Union Africaine, Seynabou Ndiaye Diakhate, a souligné que des avancées notables ont été réalisées en matière de mise en place de stratégies de lutte contre la corruption par certains pays africains qui ont enregistré, dans les indicateurs internationaux, des scores supérieurs à la moyenne et même parfois supérieurs aux pays avancés en la matière.
Mme Diakhate a, en outre, précisé que la Déclaration de Marrakech suscite l’intérêt de la communauté internationale, grâce à l’importance cruciale qu’elle accorde aux mesures de prévention de la corruption.
A son tour, le vice-président Intégrité du Groupe Banque mondiale, Mamadou Diagne, a indiqué que la capacité du continent africain à relever le défi de la corruption dépendra non seulement de son aptitude à mobiliser les ressources nécessaires qui soient à la hauteur des besoins, mais aussi d’un usage efficace de ces ressources au bénéfice des populations les plus démunies qui sont sévèrement affectées par les répercussions de la corruption.