Par Jacques Ould Aoudia
Le Centre de linguistique appliquée de Dakar (CLAD), un centre de recherche linguistique, associé à l’université Cheikh-Anta-Diop a réalisé une étude en interrogeant des élèves sénégalais sur ce qu’ils voulaient faire plus tard.
Une première fois, on leur a posé la question en français. Les réponses étaient: médecin, ingénieur, avocat…
Plusieurs mois plus tard, la question identique a été posée en Wolof (la langue nationale des sénégalais ??) aux mêmes élèves, et les réponses étaient: agriculteur, éleveur, forgeron…
Un bel exemple de l’influence majeure de la langue sur notre pensée. Avec, ici, la transposition de la hiérarchie sociale/coloniale entre les langues et les métiers.
Une association d’idée entre Dakar et Rabat
Je rapproche cette histoire du graffiti vu sur un mur de Rabat au Maroc en 2018. « Love is not a crime » a-t-il été tagué !
De multiples interprétation viennent à l’esprit.
Ecrire cela en anglais peut être la manifestation d’une double distanciation, par pudeur. Par rapport à l’arabe, la langue commune de la population marocaine. Mais aussi par rapport au français que les couches urbaines instruites connaissent assez largement !
Mais elle peut aussi porter sur la volonté de n’être compris que par une partie des élites.
Jacques Ould Aoudia, Économiste, et Vice président de l’association franco- marocaine « Migrations et développement ».