Guerres et crises : quel impact sur l'économie mondial, le tissu social et la sécurité?

04 octobre 2024 - 11:12

La multiplication des conflits, les guerres prolongées et les crises économiques ont des répercussions profondes, non seulement sur l’économie mondiale, mais aussi sur le tissu social et la sécurité des nations.

  1. Impact économique mondial :

Les guerres, surtout quand elles impliquent des puissances régionales ou mondiales, comme c’est le cas en Ukraine et potentiellement au Moyen-Orient, créent une instabilité majeure dans les marchés. Ses conséquences incluent :

Inflation : L’instabilité des régions productrices d’énergie, comme le Moyen-Orient, provoque des hausses des prix du pétrole et du gaz. Cela se répercute sur l’ensemble de l’économie mondiale, car l’énergie est cruciale pour la production et le transport de biens. Déjà, la guerre en Ukraine a poussé les prix de l’énergie à des niveaux alarmants, et un nouveau conflit de grande envergure aurait des effets similaires, sinon plus graves.

Chaînes d’approvisionnement perturbées : Le commerce international serait gravement perturbé. Par exemple, les sanctions contre la Russie et les perturbations des exportations de céréales ukrainiennes ont déjà déstabilisé l’approvisionnement alimentaire dans de nombreux pays en développement, entraînant des hausses des prix alimentaires.

  1. Aggravation des inégalités et de la pauvreté :

Les conflits prolongés accentuent la pauvreté, surtout dans les pays directement touchés ou dépendants du commerce international. Les populations les plus vulnérables souffrent déjà des effets des crises multiples :

Pauvreté accrue : L’inflation, combinée à la rareté des biens de première nécessité, exacerbe la pauvreté, rendant la survie quotidienne plus difficile pour des millions de personnes. Les régions touchées par la guerre voient leurs infrastructures détruites, leurs systèmes économiques paralysés, et une migration massive de personnes cherchant la sécurité.

Instabilité politique et sociale : Le désespoir né de la pauvreté alimente l’instabilité sociale. Cela peut mener à une augmentation des comportements désespérés : violences, crimes, émeutes, voire révolutions. Les populations qui se sentent abandonnées par le système peuvent devenir plus radicalisées, et cela augmente les risques de criminalité et de terrorisme.

  1. Retour de « la loi de la jungle » :

L’effondrement de la sécurité sociale et l’augmentation des violences peut être justifiée. Les crises économiques de grande envergure créent souvent des « états d’exception » où les institutions sont débordées ou affaiblies, entraînant un retour à des formes de justice « brutale » :

Augmentation de la criminalité : Lorsque les ressources se font rares, la violence devient une méthode de survie pour certains. Des vagues de criminalité peuvent émerger, surtout si les gouvernements ne parviennent pas à maintenir l’ordre. On observe déjà dans certains pays une recrudescence des violences en période de crise.

Populations marginalisées : Les personnes en situation de grande pauvreté sont souvent les premières à être frappées par la crise. Ne voyant aucune issue, elles peuvent être tentées par des solutions extrêmes, ce qui augmente l’insécurité dans certains quartiers et régions.

  1. Effets en chaîne des crises multiples :

Sortant à peine de la crise du Covid-19, l’économie mondiale fait face à une série de chocs : la guerre en Ukraine, l’instabilité énergétique, la montée des tensions géopolitiques, et aujourd’hui un conflit potentiel entre Israël et l’Iran. Ces crises combinées risquent de :

Exacerber les tensions globales : Le monde ne sort pas indemne d’une série de crises aussi intenses. La pression sur les systèmes financiers, politiques et sociaux risque de rendre les gouvernements plus fragiles.

Accroître les migrations : Les crises augmentent aussi le nombre de réfugiés et de migrants cherchant une vie meilleure ailleurs. Cela entraîne des défis supplémentaires pour les pays d’accueil, en termes d’intégration et de sécurité.

  1. Comment limiter ces effets ?

Le rôle des organisations internationales, comme l’ONU, est crucial pour tenter de désamorcer les conflits avant qu’ils ne dégénèrent et affectent davantage l’économie mondiale. En parallèle, une gestion plus responsable des ressources économiques, une solidarité internationale accrue, et des politiques sociales renforcées pourraient limiter certains des effets les plus destructeurs des conflits et des crises économiques.

Cette multiplication de crises risque d’aggraver les tensions économiques et sociales dans le monde. La clé pour limiter ces impacts sera la capacité des gouvernements à mettre en place des politiques de soutien, ainsi que des efforts diplomatiques concertés pour réduire les risques de guerre et d’instabilité à grande échelle.

Mohcine Chaabi, Économiste

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