Face à « l’Europe bardélisée », la dissolution risquée du parlement français

12 juin 2024 - 08:49

La dissolution du parlement français par le président Emanuel Macron et son appel à des élections législatives anticipées suite à la défaite de son parti, « Renaissance », aux élections européennes, est un pari risqué, s’accordent à dire les observateurs. L’extrême droite menée par « le Rassemblement National » (RN) pourrait, en effet, gagner ces élections prévues le 30 juin et désigner son leader Jordan Bardela au poste de premier ministre obligeant Macron à une cohabitation inédite depuis 1997.

Beaucoup de journaux marocains ont suivi cet événement. Certains d’entre eux se sont donnés à cœur joie à commenter « la position difficile » dans laquelle se retrouve Macron aujourd’hui. L’enjeu est, pourtant, essentiel pour le Maroc vu la grande communauté d’immigrés marocains vivant à l’hexagone et les lien culturelles et historiques forts qui lient les deux pays. Dans l’absence de réaction officielle, c’est l’attentisme et le pragmatisme qui semble prévaloir à Rabat.

A Paris, le RN est en position de force face à un président qui a voulu, après sa défaite électorale, reprendre, rapidement, l’initiative avec un recours à l’une de ses prérogatives constitutionnelles majeurs: la dissolution. S’est il précipité ? a-t-il des chances de gagner comme l’avait fait le premier ministre espagnol Pedro Sanchez en 2023.

En 1997, dans un contexte différent, le président Jacques Chirac avait perdu le pari de dissoudre le parlement en appelant à des élections anticipées qui ont provoquer une cohabitation difficile avec le socialiste Lionel Jospin devenu, alors, premier ministre.

Aujourd’hui, les tractations politiques s’accélèrent en vue du 30 juin. Les appels à un front républicain réunissant la gauche et la droite pour barrer la route au racisme et au populisme du « Rassemblement National » se font entendre, mais les résultats ne sont pas encore claires et des divisions apparaissent. Les socialistes se sont, ainsi, alliés à l’extrême gauche du parti de la France Insoumise (LFI) et la droite du parti les Républicains (LR) parait divisée. Son président Eric Ciotti a annoncé, mardi, une alliance avec le RN, ce qui pourrait mettre un terme à la vielle alliance humaniste incarnée, depuis des dizaines d’années, par le Front républicain.

La tâche de Macron de rallier les voix de la gauche, de la droite ainsi que celles du centre (son principal allié) comme il a réussi à le faire dans le passé, semble, pour le moment très difficile. Depuis l’annonce des résultats, des manifestations anti-RN se sont multipliées place la République à Paris dans un élan visant à « éviter le pire » pour reprendre une expression du journal « Le Monde ». Mais l’opinion publique française reste largement favorable à l’extrême droite illustrant un mouvement de fond qui s’est accéléré dans la société depuis plusieurs années. Tous les sondages prédisent, pour le moment, une victoire du RN.

Le RN avait remporté les élections européennes en France avec plus de 37% suivi du parti du président « Renaissance », loin dernière, avec 15.2%, des socialiste (14%) et du parti LFI avec 8.7%

Des élections anticipées pourraient également avoir lieu en Allemagne où la parti socialiste du chancelier Olaf Scholz a perdu face à la droite et l’extrême droite.

La progression des partis d’extrême droite, lors des élections européennes, a été enregistrée dans la majorité des pays d’une « Europe bardélisée » commente avec humour le journal satirique français « Charlie Hebdo ». C’est le prix de l’exercice démocratique.

Partager l'article
-->