Sahara marocain: le tournant historique du projet « MANSASO »

23 août 2025 - 11:57

Un article de l’opposant algérien Oualid Kebir éclaire un moment charnière dans le dossier du Sahara. Les États-Unis, la France et le Royaume-Uni poussent désormais à l’abandon définitif de l’option référendaire pour ouvrir la voie à une mission onusienne entièrement dédiée au plan d’autonomie marocain. Un basculement majeur qui redessine les équilibres diplomatiques.

« Le dossier du Sahara marocain entre dans une phase inédite avec l’implication des États-Unis et de la France, soutenus par le Royaume-Uni, pour enterrer définitivement l’option référendaire et lancer une nouvelle mission onusienne consacrée au plan d’autonomie », écrit Oualid Kebir. Tout converge vers un point décisif: passer de la MINURSO, figée depuis 1991 dans un mandat irréalisable, à une mission baptisée MANSASO (Mission d’assistance pour la négociation d’un statut d’autonomie au Sahara), centrée exclusivement sur l’accompagnement du projet d’autonomie sous souveraineté marocaine.

Le virage s’explique par plusieurs facteurs. D’abord, la dynamique américaine : Washington multiplie les signaux en faveur de Rabat. « Le président Trump a adressé une lettre officielle au roi Mohammed VI annonçant un soutien explicite à la souveraineté marocaine et au plan de 2007, rejetant catégoriquement l’option référendaire », rappelle Kebir. Cette position est relayée par des responsables de haut niveau, du Congrès jusqu’au nouvel ambassadeur Richard Duke Buchan.

Ensuite, la manœuvre diplomatique se nourrit d’un rôle croissant de Paris. La France se veut « médiateur naturel » entre Washington et Rabat. Les lignes d’un texte commun ont déjà été esquissées lors du sommet bilatéral de 2024 à Rabat. L’objectif est de préparer le terrain à une réforme profonde du mandat onusien en octobre 2025, date de renouvellement du mandat de la MINURSO.

Pour Kebir, le contraste est saisissant avec la position d’Alger. Alors que la communauté internationale s’aligne progressivement sur le plan d’autonomie, « le régime algérien s’entête à défendre un référendum impossible à organiser et tente de ressusciter des pistes déjà caduques ». Le chef du Polisario, Brahim Ghali, continue d’agiter l’idée d’un vote d’autodétermination et d’un élargissement du mandat de la MINURSO aux droits humains, mais ce discours apparaît de plus en plus isolé.

Le projet « MANSASO » n’est pas une improvisation, mais une idée d’experts marocains. L’ancien ambassadeur Mohammed Loulichki, dans une note pour le Policy Center for the New South, avait déjà suggéré de recentrer l’action des Nations unies sur l’autonomie plutôt que sur un référendum impossible. La nouveauté réside dans le fait que les grandes puissances s’en emparent et le traduisent en agenda diplomatique.

La pression sur Alger se décline selon la logique de la « carotte et du bâton ». D’un côté, des menaces de voir le Polisario inscrit sur la liste américaine des organisations terroristes – une perspective qui fragiliserait considérablement sa légitimité. De l’autre, des promesses d’investissements énergétiques en Algérie si elle accepte un compromis jugé « honorable ».

Pour Rabat, ce moment représente une opportunité rare. En octobre, le Conseil de sécurité aura deux options : prolonger mécaniquement le mandat de la MINURSO, ou bien franchir le pas historique en lançant MANSASO. « C’est une occasion en or qui ne doit pas être manquée », souligne Kebir.

Au-delà de l’argumentaire, l’enjeu est d’inscrire définitivement le Sahara dans la normalité internationale. La sortie du territoire de la liste des zones « non autonomes » de l’ONU, l’éviction du Polisario de l’Union africaine et l’élargissement des reconnaissances internationales de la souveraineté marocaine constitueraient les conséquences directes de ce basculement.

L’analyse de Kebir met en lumière la fragilité du discours algérien, prisonnier de ses dogmes, face à une dynamique internationale qui semble désormais irréversible. Le Sahara marocain est en passe de quitter le registre des conflits ouverts pour entrer dans celui des dossiers clos. Une mutation qui, si elle se confirme en octobre, consacrera le plan d’autonomie marocain comme unique cadre de solution et imposera une recomposition stratégique profonde à l’Algérie et à ses alliés.

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