Pedro Sánchez fustige l’échec européen à Gaza et appelle à des sanctions contre Israël

03 septembre 2025 - 11:53

Le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez a dénoncé, dans une interview accordée au The Guardian, le « double standard » de l’Occident face aux guerres en Ukraine et à Gaza. Pour lui, l’incapacité de l’Union européenne à agir de manière cohérente constitue un « échec » qui mine sa crédibilité internationale.

À Londres, avant de rencontrer son homologue britannique Keir Starmer, Pedro Sánchez a choisi de hausser le ton. Le chef du gouvernement espagnol, dont le pays a reconnu l’État palestinien en mai 2024, estime que la réponse de l’Europe à la guerre menée par Israël à Gaza est insuffisante et dangereuse pour la réputation du Vieux Continent. « Ce que nous vivons à Gaza est l’un des épisodes les plus sombres des relations internationales du XXIe siècle », a-t-il affirmé, rappelant que l’Espagne plaide pour suspendre l’accord d’association stratégique entre l’UE et Israël.

Sánchez reproche à l’Europe sa division interne et sa prudence excessive. « C’est un échec, absolument », a-t-il martelé, en soulignant que la communauté internationale observe attentivement les contradictions occidentales : soutien ferme et massif à l’Ukraine d’un côté, hésitations prolongées face aux bombardements israéliens de l’autre. Pour le dirigeant espagnol, cette asymétrie érode la légitimité morale de l’Europe et affaiblit sa capacité à influencer d’autres crises, présentes et futures.

L’entretien met également en lumière la montée des tensions transatlantiques. Washington, sous la présidence de Donald Trump, a accentué sa ligne isolationniste et multiplié les pressions sur ses partenaires de l’OTAN. Sánchez insiste néanmoins sur le rôle « fiable » de l’Espagne dans l’Alliance, tout en affichant une volonté d’indépendance de jugement sur le dossier palestinien. Son appel à sanctionner Israël sur le plan financier constitue une rupture notable avec la position prudente adoptée jusqu’ici par la majorité des capitales européennes.

Au-delà du conflit à Gaza, le Premier ministre espagnol a défendu une vision plus large des défis globaux. La migration, selon lui, doit être comprise comme une « opportunité » et non comme une menace, à condition d’être gérée dans le cadre d’une stratégie de croissance économique et de consolidation du marché du travail. Il a également mis en garde contre les partis de droite traditionnelle qui, par opportunisme électoral, adoptent le discours climatosceptique de l’extrême droite, compromettant ainsi les efforts de lutte contre l’urgence climatique.

Le message de Sánchez, à la fois ferme et empreint de pragmatisme, place l’Espagne dans une posture singulière : celle d’un pays européen qui cherche à incarner une ligne plus cohérente, plus solidaire et plus audacieuse face aux crises du Moyen-Orient. À l’heure où l’Union européenne débat de sa crédibilité et de son rôle sur la scène internationale, ses propos résonnent comme un avertissement : sans cohérence morale, il n’y aura pas de véritable puissance politique européenne.

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