ONU : les enfants handicapés de Gaza, victimes invisibles du conflit

06 septembre 2025 - 11:34

Les Nations unies viennent de tirer une alerte glaçante : plus de 21 000 enfants de Gaza vivent aujourd’hui avec un handicap causé par la guerre. Derrière ces chiffres, il y a des vies brisées, des familles marquées à jamais, et l’ombre d’un avenir sans horizon.

Depuis octobre 2023, la bande de Gaza est devenue un territoire où chaque jour relève d’un combat pour survivre. Selon le Comité des droits des personnes handicapées de l’ONU, près de 40 500 enfants ont été blessés en moins de deux ans de conflit, et plus de la moitié d’entre eux souffriront de séquelles permanentes : amputations, cécité, surdité, paralysie. Chaque blessure est une histoire interrompue, un destin amputé.

Le drame ne s’arrête pas aux blessures visibles. Les ordres d’évacuation israéliens ne parviennent souvent pas aux enfants souffrant de déficiences auditives ou visuelles. Un expert de l’ONU a rappelé le cas d’une mère sourde, tuée à Rafah avec ses enfants pour n’avoir pas entendu les consignes. La guerre frappe aveuglément, mais elle frappe plus durement encore les plus vulnérables.

À cette tragédie s’ajoute l’absurde bureaucratie de la guerre : fauteuils roulants, béquilles, prothèses ou déambulateurs sont classés comme « articles à double usage », donc potentiellement offensifs et exclus des convois d’aide. Comment reconstruire une vie quand les outils mêmes de la mobilité deviennent des objets suspects ? L’aide humanitaire, déjà limitée, est centralisée en quelques points de distribution, inaccessibles pour ceux qui ne peuvent ni courir, ni franchir les décombres.

L’image qui se dessine est insoutenable : des enfants obligés de ramper dans le sable ou la boue pour atteindre un sac de nourriture, des mères impuissantes face à la détresse de leurs enfants, des familles entières privées de toute autonomie. L’ONU estime qu’au moins 83 % des personnes handicapées à Gaza ont perdu leurs dispositifs d’assistance. En clair : une majorité est aujourd’hui enfermée dans l’immobilité et dans la dépendance.

Le comité appelle Israël à prendre des mesures spécifiques de protection. Mais au-delà du droit international, la question est morale et universelle : une guerre qui laisse derrière elle des dizaines de milliers d’enfants handicapés ne peut être normalisée ni excusée au nom de la sécurité. Gaza est aujourd’hui le miroir le plus cruel de notre impuissance collective à protéger ceux qui devraient l’être avant tout : les enfants.

La communauté internationale a été avertie. Le sort de ces enfants ne se règle pas avec des statistiques, mais avec un engagement concret pour que l’aide humanitaire atteigne enfin ceux qui en ont le plus besoin. Car si l’avenir d’un peuple se mesure à la façon dont il protège ses enfants, l’avenir de Gaza se joue aujourd’hui dans la dignité que nous refusons encore à ses plus fragiles.

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