Bourita et Wang Yi ouvrent un nouveau chapitre stratégique entre Rabat et Pékin

19 septembre 2025 - 14:58

La rencontre entre Nasser Bourita et Wang Yi, le 19 septembre à Pékin, inaugure un mécanisme de dialogue stratégique qui inscrit les relations maroco-chinoises dans un cadre institutionnel durable. Ce mémorandum d’entente prolonge le partenariat de 2016 et donne une régularité aux échanges. Il vise à assurer la continuité et à structurer une coopération qui, jusqu’ici, reposait surtout sur des projets dispersés.

Dans un environnement international fragmenté où les centres de pouvoir se déplacent, ce geste traduit une volonté commune de se positionner avec clarté. Pékin cherche à consolider sa présence diplomatique et économique en Afrique. Rabat entend diversifier ses leviers au-delà de ses partenaires traditionnels. L’ouverture d’un canal permanent de concertation au plus haut niveau inscrit cette relation dans la durée et envoie un message de stabilité.

Le Maroc dispose d’atouts qui retiennent l’attention chinoise. Sa stabilité institutionnelle, sa fonction de carrefour entre Atlantique, Méditerranée et Afrique subsaharienne, son choix en faveur d’une modernisation logistique et portuaire, tout concourt à en faire un partenaire recherché. La politique royale d’infrastructures portuaires, de Tanger Med à Nador West Med en passant par Casablanca, rejoint l’ambition chinoise de multiplier les points d’ancrage dans les flux maritimes mondiaux. Le nouveau mécanisme vient renforcer des dynamiques déjà en cours et pourrait accélérer l’arrivée d’investissements dans la finance, les énergies renouvelables et les technologies numériques.

La portée de ce dispositif dépasse le seul cadre bilatéral. Il ouvre la possibilité de coordonner des positions dans les enceintes internationales. Sur les réformes onusiennes, les négociations climatiques ou les règles du commerce mondial, Rabat et Pékin partagent l’idée qu’un nouvel équilibre doit émerger, respectueux des souverainetés et attentif à la diversité des modèles. Cette concertation peut donner au Maroc un poids diplomatique accru et offrir à la Chine un relais africain crédible et expérimenté.

Reste à voir comment cet accord sera mis en œuvre. L’histoire diplomatique regorge de comités annoncés avec éclat mais restés inertes. La valeur de ce mécanisme dépendra de sa capacité à générer des résultats concrets, qu’il s’agisse de financements ciblés, de programmes conjoints ou de projets industriels. Le défi est de transformer un jalon politique en levier de coopération effective.

Le contexte africain accentue l’importance de cette étape. La compétition internationale pour l’accès aux marchés du continent s’intensifie. L’Europe cherche à préserver ses positions, les États-Unis multiplient les signaux de retour, la Russie mise sur l’axe militaire. La Chine avance méthodiquement en combinant infrastructures et partenariats institutionnalisés. En choisissant de formaliser un dialogue stratégique avec Pékin, le Maroc affirme sa volonté de rester acteur actif d’une recomposition géopolitique.

Ce mémorandum dépasse la fonction d’un simple cadre administratif. Il incarne la convergence de deux trajectoires diplomatiques qui cherchent à s’affirmer dans un monde en recomposition. La Chine veut consolider son ancrage maghrébin et atlantique. Le Maroc cherche à inscrire sa diplomatie dans le concert des puissances émergentes. Dans un monde en transition, Rabat envoie un signal clair en multipliant les passerelles et en consolidant ses dialogues.

Le pari reste exigeant. Pékin doit démontrer que son partenariat avec Rabat ne se limite pas à des promesses générales. Le Maroc doit transformer ce cadre en levier de développement et de rayonnement. Entre ambitions et réalités, le mécanisme de dialogue stratégique ouvre un chantier qui se mesurera aux résultats visibles et non aux communiqués.

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