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Maroc–Chine : un partenariat qui se consolide entre diplomatie et industrie

21 septembre 2025 - 07:39

À Pékin, la rencontre entre Nasser Bourita et Wang Yi a ouvert une nouvelle phase dans les relations sino-marocaines. Les annonces portent autant sur l’économie réelle que sur la place du Royaume dans l’échiquier international.

Le communiqué officiel met en avant plusieurs axes. Le Maroc se présente comme plateforme régionale incontournable et passerelle naturelle entre l’Afrique, le monde arabe et la Chine. Pékin apparaît comme un acteur majeur de la coopération internationale et un partenaire stratégique pour les deux rives. Derrière ces formulations, une ambition se dessine, celle de transformer la relation bilatérale en moteur d’investissement et de co-développement.

La dimension économique a occupé une place centrale. Rabat et Pékin ont convenu de stimuler les investissements chinois, de renforcer les partenariats industriels conjoints et de promouvoir un co-développement à l’échelle continentale grâce à des initiatives communes en faveur de l’Afrique. Plusieurs secteurs stratégiques sont concernés, notamment les infrastructures, l’énergie, l’innovation, le numérique, les énergies renouvelables, le tourisme et l’enseignement supérieur.

La gigafactory de batteries annoncée à Kénitra illustre cette orientation. Le projet, porté par Gotion High Tech, doit démarrer en 2026 avec une capacité de 20 GWh, extensible à 100 GWh. Il positionne le Maroc dans la chaîne mondiale de la mobilité électrique et des technologies vertes. L’usine ne vise pas uniquement la production locale mais aussi l’exportation vers l’Europe, soutenue par les accords commerciaux existants et par les zones industrielles modernes comme Tanger Tech.

La rencontre a également mis en évidence une dimension politique. Les deux pays ont réaffirmé leur attachement à des principes communs, tels que la souveraineté nationale, l’intégrité territoriale, la lutte contre le séparatisme et l’extrémisme. Pour Rabat, cette convergence résonne avec la question du Sahara. Pour Pékin, elle s’inscrit dans une stratégie de promotion d’un multilatéralisme qui se distingue de l’ordre occidental.

Un volet important concerne la coopération trilatérale avec l’Afrique. Les deux partenaires souhaitent unir leurs efforts pour accompagner le continent en matière d’énergie, d’infrastructures et de formation. Le Maroc s’appuie sur son ancrage croissant en Afrique de l’Ouest et sur son réseau diplomatique déjà dense. La Chine y voit un relais crédible et stable dans une région où les rivalités internationales se renforcent.

L’enjeu réside désormais dans la mise en œuvre. Les promesses devront se traduire par des garanties concrètes, qu’il s’agisse de la sécurité juridique pour les investisseurs, de la création d’emplois locaux, du transfert de savoir-faire ou du respect des normes sociales et environnementales. C’est à travers ces conditions que le partenariat pourra dépasser les déclarations et produire des résultats tangibles.

La rencontre de Pékin confirme que le Maroc ne cherche plus seulement à attirer des financements ou à bénéficier d’infrastructures clés en main. Le Royaume veut bâtir des alliances où l’investissement se conjugue avec l’innovation et où l’économie soutient une ambition diplomatique. Chaque campus universitaire, chaque usine et chaque zone industrielle seront interprétés à la fois comme des réalisations économiques et comme des signes politiques.

Le Maroc et la Chine avancent ainsi dans une dynamique commune qui consolide leur poids dans un monde multipolaire. Derrière les formulations convenues des communiqués se dessine une réalité, celle d’un Maroc qui s’affirme comme acteur africain et arabe de premier plan et d’une Chine qui renforce son rôle de partenaire global.

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