L’annonce est tombée comme un signal clair à la communauté internationale. Le Royaume-Uni, le Canada et l’Australie ont choisi ce dimanche de reconnaître officiellement l’État de Palestine, à la veille d’une semaine new-yorkaise dominée par la question du Proche-Orient. Le Portugal s’apprête à suivre le même chemin, tandis que d’autres capitales européennes réfléchissent à leur tour à franchir ce pas.
Le geste est historique, surtout venant de Londres et d’Ottawa, premiers pays du G7 à inscrire leur signature politique sur la reconnaissance. Pour le Premier ministre britannique Keir Starmer, il s’agit de « raviver l’espérance d’une paix fondée sur deux États ». Son homologue canadien Mark Carney évoque « la promesse d’un avenir partagé et pacifique » tandis que l’Australien Anthony Albanese rappelle « les aspirations légitimes et persistantes du peuple palestinien à disposer d’un État ».
Derrière la solennité des déclarations, il y a un contexte brûlant. Depuis près de deux ans, Gaza vit sous le fracas des bombardements et une crise humanitaire qualifiée de « génocidaire » par une commission d’enquête de l’ONU. Plus de 65 000 Palestiniens ont perdu la vie, en majorité des civils. L’opinion publique mondiale, particulièrement en Europe et en Amérique latine, exerce une pression croissante sur les gouvernements pour qu’ils ne se contentent plus de paroles de compassion mais qu’ils adoptent des positions politiques concrètes.
La réaction israélienne a été immédiate. Le Premier ministre Benyamin Netanyahou a dénoncé un « prix absurde offert au terrorisme » et promis de combattre cette initiative « dans chaque enceinte internationale ». Le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, a même plaidé pour « l’annexion rapide de la Cisjordanie » et le démantèlement de l’Autorité palestinienne. Ce langage montre que Tel-Aviv interprète ce geste non pas comme un symbole diplomatique, mais comme une menace directe à sa stratégie territoriale.
L’écho de la décision britannique a une résonance particulière. Londres, ancienne puissance mandataire, porte une responsabilité historique dans la genèse du conflit. En rompant avec des décennies de prudence, Starmer trace une ligne nouvelle qui pourrait peser sur l’équilibre des alliances occidentales. Washington, allié indéfectible d’Israël, a déjà fait savoir son désaccord, tandis que Donald Trump, en visite d’État à Londres cette semaine, a critiqué vertement la position du Premier ministre britannique.
La dynamique enclenchée semble toutefois difficile à freiner. Près de trois quarts des membres de l’ONU reconnaissent déjà la Palestine. L’initiative conjointe de la France et de l’Arabie saoudite, qui présideront lundi une rencontre sur l’avenir de la solution à deux États, devrait accélérer le mouvement. Plusieurs pays européens, dont la Norvège et l’Espagne, pourraient officialiser leur reconnaissance dans les prochains mois.
Reste la question centrale : que peut réellement changer ce geste diplomatique ? Les armées continuent de s’affronter à Gaza, les colonies s’étendent en Cisjordanie et les reclus du territoire palestinien survivent dans des conditions inhumaines. Pourtant, le symbole compte. Reconnaître la Palestine, c’est affirmer que le statu quo n’est plus acceptable et que le conflit doit être lu à travers la légitimité de deux peuples et non comme une guerre asymétrique sans horizon.
À New York, cette semaine s’annonce comme un test grandeur nature. Entre la tribune de l’ONU, les pressions américaines et les signaux envoyés par Londres, Ottawa et Canberra, la diplomatie internationale se trouve face à un choix. La reconnaissance n’éteint pas les bombes, mais elle reconfigure le terrain politique : elle place Israël face à un isolement croissant et elle redonne à la cause palestinienne une place centrale dans les débats mondiaux.
Dans cette séquence, une certitude s’impose : chaque geste compte. Et si le geste de trois puissances du monde occidental ne suffit pas à instaurer la paix, il transforme déjà la conversation internationale.