Donald Trump est revenu à la tribune de l’Assemblée générale avec un long discours, traversé d’ironie, de revendications personnelles et d’une conception résolument unilatérale des relations internationales. Plus de cinquante minutes durant, il a déroulé une argumentation où se mêlaient critiques contre l’ONU, exagérations sur son rôle de médiateur et attaques contre deux thèmes récurrents de son agenda politique : l’immigration et le climat.
Le président américain s’est attribué la résolution de sept conflits, bien que plusieurs de ces situations demeurent ouvertes ou simplement gelées. Dans son récit, les États-Unis apparaissent comme le seul acteur capable d’imposer la paix, tandis que l’ONU est reléguée au rang de spectateur impuissant. Le contraste entre la gravité des enjeux et la légèreté de ses exemples illustre une approche où l’institution multilatérale sert avant tout de décor à une mise en scène personnelle.
Les délégations ont accueilli ces propos avec une froide réserve. Les applaudissements furent rares, la distance perceptible. Dans ce contexte, la référence insistante au prix Nobel de la Paix prit une dimension paradoxale, car au moment où la planète traverse des crises humanitaires et des guerres persistantes, l’autocélébration du président américain résonna comme un message destiné davantage à son électorat qu’à la communauté internationale.
Son discours s’organisa autour de deux thèmes essentiels. L’immigration fut décrite comme une menace existentielle, capable d’entraîner les nations dans le chaos. Le climat fut tourné en dérision, les militants environnementaux étant présentés par Trump comme responsables d’une “supercherie” destinée à freiner la croissance. À travers ces propos, Trump confirma une vision du monde où les périls proviennent moins de la violence armée ou de la pauvreté que d’un excès de régulation et de la prétendue inefficacité des institutions internationales.
Le sens profond de son intervention réside dans une remise en cause de la coopération multilatérale. Dans la vision qu’il projette, l’ONU cesse d’apparaître comme un lieu de négociation et se transforme en obstacle à la souveraineté américaine. En transformant la scène internationale en prolongement de sa politique nationale, Trump expose une conception des rapports de force où le dialogue collectif perd toute pertinence et où la démonstration de puissance prend le pas sur la recherche d’accords durables.
Cette prise de parole new-yorkaise a révélé le paradoxe d’un dirigeant en quête de reconnaissance mondiale tout en s’employant à délégitimer l’unique instance universelle de concertation. Au-delà du style, elle souligne la vulnérabilité d’un multilatéralisme de plus en plus contesté et rappelle que l’avenir des institutions dépendra de leur capacité à résister à ceux qui préfèrent l’affirmation solitaire à la coopération partagée.