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Prabowo Subianto à l’ONU : l’Indonésie prête à envoyer 20 000 soldats pour la paix à Gaza

24 septembre 2025 - 11:28

À la tribune de l’Assemblée générale des Nations Unies, le président indonésien Prabowo Subianto a surpris en annonçant la disponibilité de son pays à déployer 20 000 soldats dans la bande de Gaza.

Cette déclaration, qui s’inscrit dans un contexte marqué par l’impuissance du Conseil de sécurité et la lassitude des opinions publiques, a donné à l’Indonésie une visibilité diplomatique nouvelle, à la hauteur de son poids démographique et de sa tradition de soutien à la cause palestinienne.

Le chef de l’État a présenté cette proposition comme un engagement concret, prêt à se traduire par des soldats déployés sur le terrain, sous réserve d’un mandat onusien de maintien de la paix. L’argument se formule avec simplicité, affirmant que si la communauté internationale reste incapable de transformer en actes les résolutions accumulées depuis des décennies, Jakarta entend assumer une part de responsabilité et offrir au monde une démonstration de solidarité.

L’initiative interpelle par son ampleur. Aucun autre pays n’a évoqué un chiffre comparable pour une éventuelle mission en territoire palestinien. L’Indonésie, quatrième pays le plus peuplé au monde et première nation musulmane par sa population, cherche manifestement à projeter une image de puissance responsable, capable de transformer sa voix morale en action militaire sous mandat international. Ce geste renvoie à une tradition de participation aux opérations de paix de l’ONU, où les contingents indonésiens sont déjà présents au Liban, en République centrafricaine et ailleurs.

Cependant, derrière le volontarisme affiché se dessinent plusieurs défis. Le premier concerne la faisabilité. Le déploiement d’une force aussi importante dépendrait d’un feu vert du Conseil de sécurité, un organe où les États-Unis ont jusqu’ici utilisé leur veto pour bloquer toute initiative contraignante sur Gaza. Sans ce mandat, l’annonce du président indonésien risque de rester un vœu pieux, destiné davantage à marquer les esprits qu’à se traduire dans les faits.

Le second défi est logistique et politique. Envoyer 20 000 soldats dans une zone densément peuplée, encore ravagée par les bombardements et où la reconstruction humanitaire n’a pas commencé, supposerait une coordination délicate avec Israël, l’Autorité palestinienne et les différentes factions armées. La présence d’une telle force étrangère, même sous mandat onusien, pourrait être perçue comme intrusive par certains acteurs régionaux. La Turquie, l’Égypte ou encore le Qatar, qui jouent déjà un rôle diplomatique actif, pourraient voir dans cette initiative un empiètement sur leurs propres marges de manœuvre.

Il n’en demeure pas moins que l’annonce indonésienne modifie le cadre du débat. Jusqu’ici, la communauté internationale oscillait entre condamnations verbales et initiatives humanitaires. En mettant sur la table l’idée d’un déploiement massif de casques bleus asiatiques, Prabowo Subianto réintroduit la question militaire dans un dossier qui semblait condamné au statu quo. Même sans perspective immédiate de réalisation, l’initiative contraint les grandes puissances à préciser si elles souhaitent une présence internationale solide à Gaza ou si elles préfèrent prolonger l’enchaînement de violences et de trêves précaires.

Au-delà de son aspect pratique, l’initiative indonésienne porte un message politique. Le fait qu’un pays du Sud global, membre du G20 et puissance émergente, prenne la parole au moment où le multilatéralisme chancelle rappelle que l’avenir de l’ordre international ne dépend pas uniquement de l’Occident. En se proposant comme acteur de la paix, l’Indonésie cherche à inscrire son nom parmi les nations capables d’influer sur la résolution d’un conflit qui structure depuis plus de soixante-dix ans la diplomatie mondiale.

Cette posture n’est pas exempte d’arrière-pensées. Prabowo Subianto, ancien général et figure controversée de la politique indonésienne, sait que la scène internationale peut servir de levier pour consolider sa stature à l’intérieur du pays. L’annonce d’un engagement en faveur de la Palestine, cause très populaire en Indonésie, renforce son capital politique national et lui permet de détourner l’attention des dossiers plus sensibles, qu’il s’agisse des droits humains ou de l’équilibre économique interne.

L’intervention de Prabowo à l’ONU, quoi qu’il en soit, a mis en évidence que les discours empreints de compassion appartiennent au passé et que la paix ne peut avancer qu’à travers des mesures concrètes. L’Indonésie a choisi de rompre avec l’inertie en offrant des soldats plutôt que des mots. Il reste à savoir si les grandes puissances accepteront cette main tendue ou si, une fois de plus, Gaza restera le théâtre d’une diplomatie paralysée.

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