Claudia Cardinale, figure majeure du cinéma italien et mondial, s’est éteinte à l’âge de 87 ans, laissant derrière elle une carrière qui couvre l’un des moments les plus féconds de l’histoire du septième art. Née à Tunis en 1938 de parents siciliens, elle incarne dès ses débuts la richesse d’une identité méditerranéenne faite de croisements culturels. Sa voix grave, son port altier et son regard pénétrant l’ont rapidement imposée comme une actrice unique, capable d’allier sensualité et force dramatique.
Son ascension coïncide avec l’âge d’or du cinéma italien, lorsque Cinecittà rivalisait avec Hollywood. Visconti, Fellini, Zurlini et Comencini firent d’elle l’interprète privilégiée de récits qui exploraient les mutations sociales de l’Italie contemporaine. Dans Le Guépard de Visconti, elle incarne Angélica, incarnation d’une beauté ascendante qui annonce la fin d’un monde aristocratique. Dans Huit et demi de Fellini, elle apparaît comme l’image insaisissable qui hante le cinéaste en quête d’inspiration, transformant son apparition en métaphore de l’imaginaire.
Cardinale franchit ensuite les frontières nationales pour affirmer une carrière internationale. À Hollywood, elle partage l’écran avec Burt Lancaster ou David Niven, sans jamais renoncer à ses racines méditerranéennes. Dans Il était une fois dans l’Ouest de Sergio Leone, elle interprète Jill McBain, rôle central qui bouleverse les codes du western et qui consacre définitivement son statut d’icône mondiale.
Avec les années, Cardinale devint une figure engagée. Elle défendit activement les droits des femmes, assuma son héritage tunisien et rappela sans relâche que sa vie fut marquée par la pluralité culturelle. Elle se plaça ainsi au croisement de l’Europe et du Maghreb, témoignant de la manière dont le cinéma peut aussi incarner une mémoire partagée entre les deux rives de la Méditerranée.
Sa disparition constitue un moment de mémoire collective. Claudia Cardinale n’était pas simplement une actrice célèbre, mais une présence capable de donner au cinéma une dimension universelle. Elle représentait un type de star façonnée par le talent et l’histoire, non par le calcul marketing. Chaque rôle portait la trace de cette singularité qui fit d’elle une légende vivante.
Aujourd’hui, l’hommage qui lui est rendu rappelle qu’elle demeure l’un des derniers grands mythes d’un cinéma où les figures féminines pouvaient transformer la perception d’un genre entier. Son visage, ses films et sa voix continuent d’habiter l’imaginaire collectif. Avec la mort de Claudia Cardinale, le cinéma perd une icône, et la Méditerranée perd l’une de ses ambassadrices les plus lumineuses.