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Décès de Said Jedidi, pionnier du journalisme en espagnol au Maroc

28 septembre 2025 - 09:58

La disparition de Said Jedidi laisse un vide immense dans le paysage médiatique marocain. Journaliste pionnier, traducteur et directeur du quotidien numérique InfoMarruecos.ma, il fut une voix et une conscience au service du dialogue entre cultures.

Né à Tétouan, dans le quartier d’Aïn Khbaz, Said Jedidi a consacré près de quatre décennies à la radio et à la télévision nationales. Premier présentateur de journaux télévisés en espagnol, il a marqué plusieurs générations de téléspectateurs par son ton clair, son sens de la pédagogie et sa rigueur professionnelle. Sa voix familière a constitué un pont vivant entre le Maroc et l’Espagne, ouvrant la voie à une meilleure compréhension mutuelle.

Mais son rôle n’a pas été limité à l’écran. Traducteur infatigable, écrivain attentif aux enjeux de son temps, il a enrichi la bibliothèque hispanophone de ses travaux, passant avec élégance de la chronique journalistique à l’essai culturel. Son engagement intellectuel s’accompagnait d’un patriotisme assumé : il défendait avec conviction l’intégrité territoriale du Royaume et la marocanité du Sahara, tout en rendant hommage aux souverains Hassan II et Mohammed VI, qu’il considérait comme guides et repères pour la nation.

En 2018, l’Espagne lui a décerné la Médaille du Mérite Civil, reconnaissance internationale de son rôle dans la diffusion de la langue et de la culture espagnoles au Maroc. Cette distinction illustrait la portée d’une carrière bâtie sur le dialogue et la fidélité aux valeurs de vérité et d’éthique.

À la tête d’InfoMarruecos.ma, le quotidien numérique qu’il dirigeait avec passion, Jedidi a su faire de la presse en espagnol un outil moderne et influent. Ce média, qu’il animait comme une tribune ouverte, demeure l’une de ses grandes réussites : un espace de réflexion, de critique et de transmission destiné à un lectorat plurilingue, fidèle à l’idée que l’information devait toujours éclairer plutôt que diviser.

Said Jedidi fut aussi un homme de mémoire. Son passage à la station de Tarfaya avant la Marche Verte témoigne de sa proximité avec les réalités sociales et politiques du pays, et de sa conviction que la communication pouvait infléchir le cours de l’histoire. Après sa retraite de la télévision, il poursuivit son œuvre depuis l’étranger — en Espagne, au Mexique, au Pérou —, affirmant encore et toujours son attachement à l’hispanisme et à l’ouverture universelle.

Son décès nous prive d’un maître et d’un collègue estimé, mais son héritage demeure : celui d’un journaliste intègre, d’un intellectuel engagé et d’un patriote sincère. Les générations à venir continueront de trouver en lui une source d’inspiration et un modèle de rigueur.

À sa famille, à ses proches et à l’ensemble de ses lecteurs, nous adressons nos condoléances émues. Puisse sa mémoire rester vivante, comme une lumière qui ne s’éteint pas.

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