Face au plan présenté par Donald Trump pour mettre fin à la guerre à Gaza, la Ligue arabe hésite à parler d’une seule voix. Entre pressions diplomatiques, inquiétudes palestiniennes et divergences stratégiques, aucune position commune n’a encore émergé.
Réunie au Caire, la Ligue arabe a reconnu jeudi qu’aucun consensus n’a encore émergé autour du plan présenté par Donald Trump pour mettre fin à la guerre à Gaza et définir l’avenir du territoire. Malgré les soutiens exprimés par certaines capitales arabes et islamiques, l’organisation évoque un « équilibre fragile » et un texte qui place les Palestiniens devant une équation délicate.
Hosam Zaki, secrétaire général adjoint de la Ligue, a indiqué que les positions restent contrastées : « Le soutien affiché par plusieurs États constitue un signal positif, mais aucune position arabe officielle et unifiée n’a été arrêtée pour l’instant ».
Les réactions oscillent entre ceux qui voient dans la proposition un point de départ et ceux qui la décrivent comme un scénario à haut risque, voire « suicidaire ».
Le dilemme principal réside dans la place accordée – ou non – à l’acteur palestinien. Zaki rappelle que la proposition américaine mélange des éléments discutables et d’autres « impossibles à accepter », notamment l’absence de calendrier clair pour un retrait israélien de Gaza. À cela s’ajoutent des zones d’ombre sur la souveraineté future, l’État palestinien et le contrôle sécuritaire du territoire.
Le plan, dévoilé lundi à Washington à l’issue d’un entretien entre Trump et Benyamin Netanyahou, intervient dans un contexte diplomatique marqué par la reconnaissance de l’État palestinien par plusieurs puissances lors de l’Assemblée générale des Nations unies. Cette dynamique a accru l’isolement international d’Israël après deux années de guerre.
Le document prévoit un cessez-le-feu immédiat, la libération de tous les otages et le désarmement du Hamas, écarté de toute gouvernance. Il propose également un gouvernement de transition constitué de technocrates palestiniens et d’experts internationaux, supervisé par une entité baptisée « Conseil de la paix » présidée par Trump lui-même, avec Tony Blair à sa tête opérationnelle.
S’il mentionne un retrait progressif des forces israéliennes, aucun échéancier n’est défini, ce qui alimente la méfiance.
Le chef du Hamas s’est vu accorder trois à quatre jours pour répondre, faute de quoi, selon Trump, « la conclusion sera amère ». Pour Hosam Zaki, cette mise en demeure place le mouvement devant « deux issues toutes deux périlleuses » : accepter et disparaître politiquement, ou refuser et se heurter à une population épuisée par deux années de guerre et de siège.
L’absence de ligne commune au sein de la Ligue arabe reflète une lecture lucide du rapport de force actuel : soutenir le plan sans garanties reviendrait à entériner la marginalisation du leadership palestinien ; le rejeter sans alternative renforcerait la paralysie diplomatique.
Mais le constat humanitaire, lui, ne prête pas à débat : plus de 65 000 morts, 70 % du bâti détruit, des menaces persistantes d’annexion en Cisjordanie et de déplacements forcés de la population gazaouie.
Entre pressions internationales, fragmentation régionale et urgence politique, la Ligue arabe avance à pas prudents. Le plan Trump rallume le débat sur une question centrale : qui parle réellement au nom des Palestiniens, et avec quelles garanties pour leur avenir ?