>

Génération Z interpelle directement le roi : un appel à la responsabilité et à la justice sociale

03 octobre 2025 - 07:58

La Génération Z marocaine a franchi une étape inédite dans sa mobilisation. Dans une lettre rendue publique et adressée directement au roi Mohammed VI, elle a formulé un ensemble de revendications qui traduisent à la fois le malaise d’une jeunesse confrontée à la précarité et la volonté de rompre avec des pratiques politiques jugées obsolètes. Ce geste, rare dans l’histoire récente du pays, confirme la profondeur de la crise de confiance qui mine la relation entre citoyens et institutions représentatives.

Le texte, présenté comme une « document populaire », exprime le désarroi d’un groupe qui se dit porteur du message de toute une génération. Les signataires affirment souffrir de la contradiction entre les droits garantis par la Constitution et leur application limitée dans la vie quotidienne. Ils expliquent que le Conseil du trône reste, à leurs yeux, le garant ultime de la stabilité nationale et de la dignité des citoyens. Leur démarche traduit une conviction : lorsque les canaux classiques de médiation se ferment, il ne reste qu’à s’adresser à la plus haute autorité de l’État.

La lettre rappelle plusieurs dispositions constitutionnelles en soulignant l’écart entre leur esprit et leur mise en œuvre. Le principe de « responsabilité liée à la reddition des comptes », consacré par le texte fondamental, est cité comme pilier absent de la pratique politique. Les jeunes exigent un mécanisme de surveillance effectif et réclament que les responsables soupçonnés de corruption ou d’enrichissement illicite rendent des comptes. À leurs yeux, la promesse d’égalité et de justice sociale demeure largement inachevée.

Parmi leurs demandes, certaines sont particulièrement marquantes. Les jeunes appellent à la démission du gouvernement dirigé par Aziz Akhannouch, qu’ils accusent d’avoir échoué à protéger le pouvoir d’achat et à garantir la cohésion sociale. Ils réclament également une procédure judiciaire transparente contre les figures de la corruption et la dissolution des partis politiques compromis dans des réseaux de rente. La lettre dénonce la distance croissante entre ces organisations et la société, accusées d’être devenues des obstacles au lieu de servir d’instruments de médiation démocratique.

Les signataires demandent en outre la libération des détenus d’opinion et des manifestants pacifiques, rappelant que la Constitution interdit l’arrestation arbitraire et protège la liberté de réunion et d’expression. Ils distinguent clairement les actes de violence isolés des formes légitimes de contestation citoyenne, insistant sur la nécessité de garantir un droit effectif au désaccord et à la critique.

Le ton adopté dans cette lettre est à la fois ferme et empreint d’un certain idéalisme. Les auteurs affirment ne pas chercher la revanche mais vouloir établir une rupture historique : transformer le principe de reddition des comptes en réalité vécue. Leur projet est d’inscrire le Maroc dans une nouvelle phase où la confiance entre le peuple et l’État serait rétablie sur la base de la justice sociale, de la transparence et des libertés fondamentales.

La portée de cette initiative dépasse le simple registre protestataire. Elle révèle une génération qui ne se satisfait plus des promesses différées et qui revendique un rôle actif dans la définition du futur du pays. Son choix de s’adresser directement au roi exprime à la fois un constat d’échec des institutions existantes et une tentative d’inscrire son combat dans une logique de responsabilité nationale.

La lettre de la Génération Z se présente ainsi comme un signal d’alarme et un manifeste d’espérance. Elle incarne la volonté d’un nouveau Maroc qui refuse de rester prisonnier du cercle du clientélisme et du blocage. Les jeunes qui l’ont rédigée affirment que l’avenir ne pourra se construire qu’en dépassant des structures incapables d’incarner les aspirations citoyennes. Pour eux, la reconstruction de la confiance entre l’État et le peuple passe par la justice sociale, la reddition des comptes et la garantie réelle des droits et des libertés.

Partager l'article

Partagez vos idées

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *