À l’occasion de la Journée internationale des personnes âgées, le Conseil économique, social et environnemental (CESE) a présenté un rapport qui invite à repenser en profondeur l’inclusion socio-économique des seniors au Maroc.
Le document souligne l’urgence d’adapter les politiques de l’emploi et de la formation aux besoins spécifiques d’une population vieillissante. Dans cette perspective, il recommande de permettre aux personnes âgées de cumuler totalement ou partiellement salaire et pension de retraite, et d’accélérer la réforme du Code du travail et du statut général de la fonction publique. L’objectif affiché est de créer des formes d’emploi plus flexibles, capables de valoriser l’expérience accumulée au cours de longues années d’activité.
Le rapport insiste également sur la nécessité d’introduire des incitations fiscales en faveur des entreprises qui recrutent ou maintiennent en poste des seniors. Une telle mesure viserait à lever les freins persistants à leur employabilité et à stimuler la transmission de savoir-faire dans des secteurs où l’expertise est précieuse. Le CESE propose aussi de soutenir les projets entrepreneuriaux portés par cette catégorie, grâce à un accompagnement personnalisé, à un accès facilité au financement et à la mise en valeur de leurs compétences, notamment celles des Marocains résidant à l’étranger. Dans cette optique, la création d’une plateforme nationale de mise en réseau des expertises est présentée comme un outil stratégique.
À plus long terme, le Conseil envisage le développement d’une véritable « économie argentée » structurée, capable de transformer le vieillissement de la population en levier de création de valeur économique et sociale. Cette approche reposerait sur un modèle innovant de bien-être et de participation, intégrant la demande de consommation des personnes âgées et l’offre de services adaptés selon les territoires.
Le rapport ne se limite pas à la question de l’emploi. Il propose d’augmenter le montant des pensions et d’adapter les prestations de l’assurance maladie obligatoire aux besoins spécifiques de cette tranche d’âge. Cela inclut l’intégration des soins de santé à domicile et la prise en charge partielle des services d’assistance par du personnel qualifié capable de répondre aux besoins quotidiens.
La mise en œuvre accélérée du Plan national pour le vieillissement actif 2023-2030 constitue une autre priorité. Le CESE plaide pour une meilleure cohérence entre ses axes et les différents programmes publics, ainsi que pour l’adoption d’une loi-cadre fixant les objectifs essentiels de l’action publique en matière d’inclusion sociale et économique des personnes âgées.
Lors de la présentation du rapport, le président du Conseil, Abdelkader Amara, a rappelé que l’allongement de l’espérance de vie et l’évolution démographique imposent aux politiques publiques un regard renouvelé. Il a insisté sur la nécessité de considérer les seniors non comme une population à charge, mais comme une ressource humaine productive. Leurs savoirs, leur expérience et leur capacité à contribuer au tissu économique et social représentent, selon lui, une opportunité pour l’avenir du pays.
Ce rapport s’inscrit dans un contexte mondial où les sociétés cherchent à réinventer leur approche du vieillissement. Le Maroc, confronté à une transition démographique rapide, ne peut se permettre de reléguer les personnes âgées en marge de la vie économique et sociale. Leur inclusion ne relève pas seulement d’une exigence de solidarité, mais aussi d’une stratégie de développement durable.
En proposant une vision qui conjugue protection sociale, employabilité et valorisation des compétences, le CESE ouvre un débat nécessaire sur le rôle des seniors dans la société marocaine. Il rappelle que chaque génération a une place à occuper et qu’ignorer celle des aînés serait se priver d’un capital humain et symbolique essentiel.