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Sarah Mullally, première femme à la tête de l’Église d’Angleterre, entre symbole et crise de confiance

03 octobre 2025 - 13:01

 La nomination de Sarah Mullally comme archevêque de Cantorbéry marque une avancée historique pour les femmes dans l’institution anglicane. Mais derrière l’image de modernité se cache une Église fragilisée par des scandales d’abus et une perte de crédibilité.

Pour la première fois de son histoire, l’Église d’Angleterre sera dirigée par une femme. Sarah Mullally, 63 ans, ancienne infirmière devenue prêtresse au début des années 2000, succède à Justin Welby en tant qu’archevêque de Cantorbéry, c’est-à-dire primat de l’Église anglicane et chef spirituel de près de 85 millions de fidèles dans le monde. Le roi Charles III, en tant que chef suprême de l’institution, a validé cette nomination historique.

Le contexte est pourtant lourd d’ombres. Justin Welby a quitté ses fonctions après avoir été accusé d’avoir couvert les abus sexuels de John Smyth, avocat proche de l’Église, responsable de violences sur plus de 130 mineurs et jeunes adultes entre le Royaume-Uni, le Zimbabwe et l’Afrique du Sud. Une enquête interne a conclu à une véritable “campagne de dissimulation” menée par les autorités ecclésiastiques depuis les années 1980.

C’est dans cette atmosphère de défiance que Sarah Mullally prend la tête d’une Église en perte d’influence. Si 20 millions de Britanniques sont baptisés anglicans, moins d’un million pratiquent régulièrement. La nouvelle archevêque a conscience de l’urgence et a déclaré dès son intronisation : “Trop souvent, nous avons échoué à reconnaître ou à prendre au sérieux les abus de pouvoir sous toutes leurs formes”.

En 2018, Mullally était devenue la première femme évêque de Londres, quatre ans seulement après que l’Église anglicane eut accepté l’ordination féminine à ce niveau. Aujourd’hui, 40 des 108 évêques d’Angleterre sont des femmes. Sa désignation comme primat incarne donc une avancée majeure dans l’histoire d’une institution marquée par des siècles de domination masculine.

Le Premier ministre Keir Starmer a salué cette décision, affirmant que l’archevêque de Cantorbéry joue un rôle essentiel dans la vie nationale britannique. Une déclaration qui souligne le poids politique et culturel de l’Église anglicane, bien au-delà de sa fonction religieuse.

Derrière l’image progressiste, le véritable défi demeure celui d’une Église fragilisée par les révélations d’abus sexuels et par l’érosion continue de sa pratique religieuse.

La nomination de Sarah Mullally est donc à la fois un symbole et une épreuve. Symbole d’un monde religieux qui s’ouvre enfin aux femmes, épreuve d’une institution qui doit se reconstruire sur les ruines d’un silence coupable. Son mandat s’annonce comme un test décisif pour la capacité de l’Église anglicane à se réinventer et à regagner la confiance des croyants.

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