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Remaniement à Paris : un gouvernement de crise où les symboles comptent autant que les portefeuilles

13 octobre 2025 - 08:29
La composition du nouveau gouvernement français, annoncée depuis l’Élysée en fin de week-end, intervient dans un climat politique tendu où les équilibres institutionnels se négocient au jour le jour. Sébastien Lecornu, rappelé pour diriger l’équipe malgré sa démission quelques jours plus tôt, s’appuie sur un attelage de 34 ministres dont 17 femmes. L’ensemble se veut polyvalent : des figures issues de la haute administration, quelques profils politiques aguerris et une poignée d’élus ralliés à la majorité présidentielle. Derrière l’effort d’affichage, c’est d’abord la nécessité de rompre l’impasse parlementaire et de préserver la façade d’une continuité républicaine qui structure ce casting.

Parmi les reconductions qui retiennent l’attention figure celle de Rachida Dati au ministère de la Culture. La responsable franco-marocaine, revenue au gouvernement en 2024 après un long passage par la droite traditionnelle, conserve son portefeuille dans une période où les secteurs culturels restent fragilisés financièrement et traversés par des tensions identitaires. Son maintien illustre la volonté de l’exécutif de garder des visages connus, capables d’occuper l’espace médiatique et de rassurer au-delà des clivages partisans.

Plus étonnante est la nomination annoncée de Naïma Moutchou au ministère des Outre-mer. L’intéressée, juriste de formation et députée de la majorité depuis 2017, n’avait jamais occupé de responsabilité gouvernementale d’envergure. Si sa désignation est confirmée dans les prochaines heures par les canaux officiels français, elle marquerait une double évolution : le départ de Manuel Valls, figure symbolique du social-libéralisme sécuritaire, et l’entrée d’un profil plus jeune, issu de l’immigration marocaine, à un poste historiquement sensible dans la relation entre Paris et ses territoires éloignés.

Le remaniement comporte aussi ses ruptures. Bruno Retailleau quitte l’Intérieur au profit de Laurent Nuñez, tandis qu’Élisabeth Borne se voit écartée de l’Éducation nationale. Roland Lescure reste à l’Économie pour défendre un budget 2026 attendu dès cette semaine, et Jean-Noël Barrot conserve les Affaires étrangères. À la Défense, Catherine Vautrin succède à elle-même après un passage éclair au Travail, signe que le gouvernement privilégie la rotation interne plutôt que l’ouverture.

Ce mouvement ne règle pas les tensions de fond, mais il traduit un message assumé : maintenir l’exécutif à flot en attendant mieux, en s’appuyant sur des personnalités capables d’incarner diversité, expérience ou loyauté selon les cas. À défaut de majorité solide, le pouvoir cherche des équilibres humains. Dans cette logique, la présence de deux ministres d’origine marocaine, confirmée ou en passe de l’être, prend la valeur d’un signal plus politique qu’anecdotique.

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