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Une petite sole déclenche une affaire judiciaire sensible impliquant un membre du gouvernement marocain

15 octobre 2025 - 11:33

Un différend apparemment banal entre un chef français et un secrétaire d’État marocain a pris une tournure explosive. Derrière l’accusation d’avoir mangé une petite sole, l’affaire révèle un possible emploi illégal d’un étranger, en violation directe du Code du travail, plaçant le responsable gouvernemental face à une tempête politico-judiciaire inattendue.

Ce qui aurait pu rester un incident anodin dans les cuisines d’un restaurant de Rabat s’est transformé en potentielle affaire d’État. Un litige oppose désormais Adib Ben Brahim, secrétaire d’État chargé de l’Habitat, à un chef cuisinier français, Laurent Barbe, employé dans l’un de ses établissements de restauration.

Selon des informations obtenues par Alyaoum24, le cuisinier a été licencié après avoir été accusé d’avoir consommé, sans autorisation, une petite sole appartenant au restaurant. Le responsable gouvernemental a évoqué un « manquement professionnel », justifiant ainsi la rupture du contrat.

Mais la version du salarié français diverge. Laurent Barbe affirme que la portion en question était trop petite pour être servie, le restaurant appliquant des standards précis sur le grammage des pièces de poisson. « Cette pièce n’était pas présentable. Je l’ai mangée au lieu de la jeter », explique-t-il, qualifiant le licenciement d’« arbitraire et disproportionné ».

Employé sous contrat avec la société Vista Verde SARL, appartenant au secrétaire d’État, le chef affirme percevoir un salaire de 50 000 dirhams mensuels. Il annonce son intention de saisir la justice marocaine pour licenciement abusif.

Mais derrière ce différend, un élément beaucoup plus compromettant surgit : le contrat n’aurait jamais été visé par le ministère de l’Emploi, comme l’exige l’article 516 du Code du travail marocain. Ce dernier impose à tout employeur souhaitant recruter un étranger d’obtenir une autorisation administrative préalable, matérialisée par un visa officiel apposé sur le contrat.

L’absence de ce visa constitue, selon la loi, une infraction claire, passible d’amendes et susceptible d’entraîner la nullité du contrat. Cette omission place le secrétaire d’État dans une position juridiquement et moralement délicate, surtout si la procédure judiciaire est enclenchée par la partie plaignante.

Un spécialiste du droit du travail, contacté par Alyaoum24 et ayant requis l’anonymat, souligne que « cette affaire relance le débat sur l’exemplarité des responsables publics face à l’application de la loi ». Il précise : « L’article 516 est sans ambiguïté. Tout emploi d’un ressortissant étranger sans autorisation préalable est nul et expose l’employeur à des poursuites ».

Ce qui a commencé par une petite sole pourrait donc déboucher sur un dossier judiciaire embarrassant pour un membre du gouvernement. L’affaire pose une question de fond : comment exiger le respect de la loi si ceux qui la représentent manquent eux-mêmes à leurs obligations ?

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