>

Une étude internationale évoque une “fenêtre diplomatique” au Sahara sous souveraineté marocaine

18 octobre 2025 - 17:24

Un document de travail récent, encore non publié dans son intégralité, met en lumière un basculement diplomatique autour du Sahara marocain. L’option de l’autonomie sous souveraineté marocaine s’impose progressivement comme cadre de sortie viable, tandis que le statu quo perd ses soutiens internationaux.

La question du Sahara marocain entre dans une phase distincte des décennies précédentes. Les capitales réellement engagées sur ce dossier – Washington, Londres, Paris, Berlin, Nairobi, Accra ou Lisbonne – s’interrogent désormais sur la manière de traduire diplomatiquement une évolution politique devenue difficile à ignorer. La gestion passive atteint sa limite, et l’élément déclencheur tient moins à une poussée morale improvisée qu’à une convergence d’intérêts régionaux et internationaux face à un conflit enlisé depuis près d’un demi-siècle.

Le tournant décisif réside dans la place qu’occupe à présent l’initiative marocaine d’autonomie, perçue comme la base réaliste d’une issue négociée. La récente formulation du Royaume-Uni, qui qualifie ce plan de solution “crédible, viable et pragmatique”, illustre cette évolution. Ce positionnement rejoint l’appui affirmé des États-Unis, de la France et du Portugal, ainsi que l’adhésion de pays africains influents comme le Kenya ou le Ghana. Même en Afrique australe, certaines voix inattendues, à l’image de Jacob Zuma, considèrent l’indépendance comme une option hors d’usage.

L’ONU, fidèle à sa réserve coutumière, ajuste progressivement son langage. L’envoyé personnel du Secrétaire général, Staffan de Mistura, évoque une issue “mutuellement acceptable” fondée sur une autonomie “authentique” associée à une “forme crédible d’autodétermination”. Cette terminologie préserve les sensibilités tout en entérinant la fin du modèle référendaire classique. Le Conseil de sécurité recherche désormais un cadre opérationnel compatible avec les rapports de force actuels, sans relancer des scénarios figés.

Dans le même temps, le camp opposé s’affaiblit. L’Algérie traverse une séquence diplomatique complexe avec la France, le Mali ou les Émirats arabes unis, ce qui réduit son influence sur ce dossier. Son soutien au Polisario conserve un fondement idéologique, mais les relais extérieurs manquent de vigueur. Le mouvement fait face à des tensions internes visibles, à un découragement croissant parmi la jeunesse des camps de Tindouf et à une perte d’efficacité politique. Le discours de la lutte armée séduit peu dans un environnement international orienté vers la stabilité au Maghreb et au Sahel.

À cette évolution s’ajoute l’ancrage progressif de projets économiques dans les provinces du Sud. Les investissements étrangers dans les énergies renouvelables, les infrastructures et l’intégration logistique façonnent une réalité concrète difficile à renverser. Les grands acteurs économiques privilégient les territoires administrés par des autorités reconnues et stables, plutôt que des espaces soumis à l’incertitude. Cette dynamique influence aussi la perception diplomatique et renforce la crédibilité du cadre marocain.

Un autre volet du débat apparaît à Washington et dans certains cercles marocains, avec l’idée de mettre fin à la MINURSO ou d’inscrire le Polisario sur la liste des organisations terroristes. Ces initiatives traduisent des frustrations bien réelles, mais comportent le risque de brouiller la dynamique en cours. Elles pourraient renforcer les factions du Polisario les plus rigides, susciter une réaction défensive d’Alger ou entraver l’action humanitaire. Plusieurs diplomates européens et responsables onusiens préfèrent orienter la pression vers un compromis structuré plutôt que vers des escalades symboliques.

La fenêtre diplomatique citée dans l’étude internationale découle d’un enchaînement de facteurs : élargissement du soutien à l’autonomie, affaiblissement du discours séparatiste, repositionnement des intérêts régionaux et épuisement de l’immobilisme onusien. La marge pour une sortie négociée gagne en consistance dès lors que l’intégration sous souveraineté marocaine, assortie d’un statut d’autogestion locale, s’impose dans les cercles décisionnels.

L’objectif ne se limite pas à réanimer des modèles périmés. Il consiste à convertir les rapports de force en solution politique durable. Les États attachés à la stabilité nord-africaine refusent l’escalade militaire et se détournent des scénarios prolongés artificiellement. La diplomatie à venir s’articulera entre reconnaissance d’une souveraineté installée et adaptation institutionnelle aux sensibilités sahraouies au sein d’un cadre marocain.

Si cette dynamique aboutit, l’ONU disposera d’une occasion pour clore l’un des contentieux les plus persistants de la région sans ouvrir de nouveaux foyers de tension. Les acteurs influents doivent consolider ce moment au lieu de le dissiper dans des réflexes défensifs ou gesticulations symboliques. Une fenêtre stratégique survient rarement. Le véritable enjeu consiste à la convertir en accord durable avant que ne réapparaissent les tensions ou les blocages.

Partager l'article

Partagez vos idées

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *