À l’approche du vote du Conseil de sécurité sur le projet de résolution américain concernant le Sahara marocain, l’initiative d’autonomie présentée par le Royaume en 2007 retrouve une portée décisive. Elle combine souveraineté nationale, gouvernance locale et vision de développement, confirmant le Maroc comme acteur politique de stabilité régionale.
À la lumière du projet de résolution élaboré par les États-Unis et transmis aux autres membres permanents du Conseil de sécurité des Nations Unies pour examen, discussion et adoption le 30 Octobre prochain, le plan d’autonomie du Sahara sous souveraineté marocaine, présenté par Sa Majesté le Roi Mohammed VI en 2007 devant l’ONU, est réaffirmé comme la seule base sérieuse, crédible et réaliste en vue d’une solution politique définitive à un conflit qui perdure depuis plus d’un demi-siècle. Dans ce contexte, il est essentiel de revisiter la portée du projet d’autonomie. Cette proposition, qui conjugue respect de l’intégrité territoriale et ouverture vers une gouvernance locale démocratique, mérite une analyse approfondie à la fois sous l’angle institutionnel, politique et identitaire.
Une architecture institutionnelle envisagée
Le texte de l’initiative décrit la mise en place d’institutions régionales élues, comprenant :
un Parlement régional exerçant le pouvoir législatif sur les affaires locales ;
un exécutif régional issu de cette assemblée ;
des juridictions locales, intégrées à l’ordre judiciaire national.
Cette architecture vise à assurer une participation directe des populations à la gestion de leurs affaires locales — un principe central dans toute démarche d’autonomie crédible.
Une répartition équilibrée des compétences
Selon les principes énoncés dans le projet, les compétences régaliennes — telles que la défense, la sécurité, les relations extérieures et la monnaie — resteraient du ressort de l’État central, tandis que la région exercerait des prérogatives élargies dans des domaines comme l’économie, la culture, l’éducation, la santé ou les infrastructures. Cette répartition est pensée comme un moyen d’allier unité nationale et reconnaissance des spécificités locales.
Une démarche démocratique et garante des droits
L’initiative accorde une place essentielle aux garanties démocratiques : pluralisme politique, libertés fondamentales, égalité devant la loi et mécanismes de contrôle indépendants. Ces éléments constituent le socle de la confiance et de la légitimité d’un tel cadre institutionnel.
Un vecteur de développement régional
Au-delà des dimensions institutionnelles, le projet s’inscrit dans une logique de développement. Il suggère que la région puisse gérer directement ses ressources et définir ses priorités économiques. L’objectif est de faire du Sahara un espace de prospérité et un pôle d’intégration économique régionale.
La valorisation de l’identité sahraouie
Un autre volet majeur de l’initiative concerne la reconnaissance et la promotion de la culture sahraouie. Les traditions, le patrimoine immatériel et les particularités sociales y sont envisagés comme des composantes essentielles du vivre-ensemble national, contribuant à renforcer la cohésion dans la diversité.
Une initiative sous garanties internationales
Le projet prévoit également que sa mise en œuvre s’accompagne de mécanismes de suivi en coordination avec les Nations Unies, afin d’assurer transparence et crédibilité. Cette dimension internationale témoigne d’une volonté d’inscrire la démarche dans un cadre multilatéral rassurant pour toutes les parties prenantes.
Une vision politique de long terme
Ainsi, l’initiative marocaine d’autonomie se distingue par son ambition politique : proposer une voie conciliant démocratie locale, développement économique et reconnaissance des identités. Elle s’inscrit dans une perspective de stabilité durable et de coopération régionale renforcée, au service d’une paix juste et réaliste.
En résumé, si le plan d’autonomie présenté par le Maroc en 2007 se distingue par sa cohérence et son ancrage dans une vision de souveraineté ouverte et inclusive, son succès dépendra avant tout de sa mise en œuvre concrète et de la capacité à traduire ses principes en institutions vivantes, transparentes et démocratiques. L’enjeu n’est pas seulement diplomatique, il est aussi politique et sociétal, car il engage la crédibilité du modèle marocain dans sa manière d’articuler unité nationale et diversité régionale. À l’heure où la communauté internationale réaffirme, à travers le projet de résolution américain, la centralité de cette initiative, le Maroc se trouve face à une responsabilité historique : faire de l’autonomie non pas un simple cadre juridique, mais un véritable projet de société, fondé sur la participation, la justice territoriale et le développement partagé. C’est à cette condition que le Royaume pourra consolider la légitimité de sa position et donner au monde l’exemple d’une solution politique à la fois réaliste, moderne et profondément enracinée dans ses valeurs.
Samar KHAMLICHI est Maître de Conférence en Sciences Politiques à l’Institut Universitaire des Études Africaines, Euro-méditerranéennes et Ibéro-américaines, Université Mohammed V de Rabat.
Auteure du livre « Le dossier du Sahara : vers une souveraineté marocaine incontestable – Analyse stratégique ».

