Publié dans El Español le 1er novembre 2025, l’article signé par José Bono, ancien ministre espagnol de la Défense, s’impose comme un appel à la raison et à l’humanité. À travers une écriture claire et mesurée, Bono souligne que le Maroc a choisi la voie de la stabilité et du dialogue au moment où d’autres s’enfermaient dans la confrontation. Il met en lumière une évolution historique de la diplomatie onusienne autour du dossier Sahara marocain et une reconnaissance implicite du rôle moteur de Rabat dans la recherche d’une paix durable.
L’ancien ministre écrit que, « pour la première fois depuis des décennies, une résolution du Conseil de sécurité des Nations Unies vient d’offrir une issue réaliste au conflit prolongé du Sahara ». Selon lui, la reconnaissance de la proposition marocaine d’autonomie comme base sérieuse, crédible et durable constitue une avancée décisive. Il y voit « un avant et un après », non seulement dans le langage diplomatique, mais surtout dans « l’espoir d’un peuple divisé et oublié depuis un demi-siècle ».
José Bono ancre sa réflexion dans une réalité humaine trop longtemps marginalisée. Il rappelle que « pendant cinq décennies, les Sahraouis ont vécu entre leur terre et l’exil », certains intégrés au développement du Royaume, d’autres enfermés dans les camps de Tindouf, en Algérie, soumis à la dureté du désert et au silence international. Il cite les chiffres du HCR et de la Commission européenne, qui révèlent des taux alarmants de malnutrition et d’anémie parmi les enfants et les femmes. En évoquant cette détresse, Bono cherche à replacer le débat dans le cadre de la dignité humaine : « Il n’y a pas de victoire plus noble que celle qui redonne l’espoir à ceux qui l’avaient perdu ».
Son raisonnement repose sur une idée de maturité politique : les décennies de promesses de référendum ont échoué, et « la réalité et le temps ont imposé une autre logique, celle du dialogue, du compromis et du bon sens ». Cette phrase résume la bascule d’une époque, celle où l’idéalisme abstrait cède la place à la responsabilité partagée. L’autonomie proposée par le Maroc devient, dans sa vision, l’unique voie capable d’offrir stabilité, dignité et avenir.
Bono insiste également sur les transformations observées sur le terrain. Il évoque ses visites à Laâyoune et Dakhla, où il a constaté « des infrastructures modernes, des universités, des ports et une vie économique dynamique ». Ces progrès donnent, écrit-il, « un contenu réel à la proposition d’autonomie », preuve qu’il ne s’agit pas d’un discours diplomatique, mais d’un projet tangible.
Il salue ensuite la portée du discours royal du 30 octobre, affirmant qu’« il est juste de souligner le geste du Roi Mohammed VI », qui a tendu la main au président algérien dans « un appel fraternel pour ouvrir une nouvelle étape de compréhension entre les deux pays ». À ses yeux, cet acte « profondément symbolique » exprime « la classe et la maturité de la diplomatie royale marocaine, fondée sur le dialogue, la coopération et la construction d’un avenir commun ».
Dans sa conclusion, José Bono élargit la perspective et interpelle l’Espagne et l’Europe. Il estime que « l’expérience autonomique espagnole peut inspirer un modèle sahraoui d’autogouvernance au sein de la souveraineté marocaine ». L’enjeu n’est pas de choisir entre indépendance et soumission, écrit-il, mais entre la paralysie et la réconciliation. Sa tribune se termine par une formule de clarté : « Les Sahraouis n’ont pas besoin de plus de discours ni de plus de promesses. Ils ont besoin d’une vie en paix, avec des droits et de l’espoir ».
Ce texte, à la fois grave et porteur d’espérance, redonne au réalisme une dimension profondément humaine.
