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Fuite vidéo au Conseil national de la presse : l’enquête devra-t-elle viser la source ou le contenu ?

22 novembre 2025 - 13:38

La diffusion par le journaliste Hamid El Mahdaoui d’une vidéo présentée comme issue des délibérations internes de la Commission de discipline du Conseil national de la presse continue de provoquer un vif débat. Le document, qui circulait ces derniers jours, contient selon El Mahdaoui des propos faisant allusion à des dossiers judiciaires en cours, ainsi que le nom du premier président de la Cour de cassation et président du Conseil supérieur du pouvoir judiciaire, Mohamed Abdennabaoui. Certaines expressions tenues lors de la réunion ont également été jugées inappropriées dans un cadre institutionnel.

El Mahdaoui affirme avoir reçu la vidéo d’une source qu’il refuse de révéler « même si la justice le demandait ». Selon lui, le point le plus sensible réside dans l’éventuelle orientation des positions concernant des affaires pendantes devant les tribunaux — un élément qui, s’il était avéré, poserait la question d’une atteinte au principe constitutionnel d’indépendance de la justice.

La controverse prend désormais une dimension juridique. La Constitution marocaine, notamment ses articles 109 et 110, interdit toute intervention dans les procédures judiciaires en cours et prévoit des responsabilités pénales et disciplinaires en cas d’ingérence. De plus, le Code de procédure pénale impose au ministère public d’agir dès qu’il est informé, par voie publique, de faits susceptibles de constituer une infraction.

Dans ce contexte, plusieurs observateurs estiment qu’un enquête préliminaire apparaît probable. Mais un débat émerge déjà sur l’orientation que devrait prendre une telle procédure.

Deux questions essentielles se posent désormais :

1. Le ministère public doit-il d’abord chercher à identifier la source de la fuite ?
Certains membres du Conseil national de la presse appellent à une enquête ciblée sur l’origine du leak, estimant que la divulgation d’un document interne fragilise une institution censée garantir la déontologie professionnelle.

2. Ou doit-il, au contraire, enquêter en priorité sur le contenu même des propos enregistrés ?
Une partie des acteurs politiques, journalistiques et juridiques estime que la question fondamentale n’est pas l’existence de la fuite, mais la véracité de ce qui y est dit. Si les propos insinuent réellement une prise de position concernant des affaires judiciaires en cours, les conséquences juridiques pourraient être importantes.

Pour l’heure, aucune communication officielle n’a encore été publiée. Toutefois, la logique juridique et constitutionnelle rend plausible l’ouverture d’un double examen : vérification de l’authenticité de la vidéo, analyse de son contenu, et identification d’éventuelles responsabilités — qu’il s’agisse de la fuite ou des faits qu’elle révèle.

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