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L’Algérie, sans le vouloir, renforce les succès de la diplomatie marocaine

05 novembre 2025 - 13:34
Dr. EL HASSAN BELARBI est écrivain et professeur universitaire en Espagne 

 

Alors que le Maroc consolide une diplomatie fondée sur le pragmatisme et la stabilité, l’Algérie persiste dans une posture rigide et réactive. Les trajectoires divergentes des deux voisins ont contribué, souvent à l’insu d’Alger, à renforcer l’un des succès les plus constants de la politique extérieure marocaine.

Les progrès de la diplomatie marocaine au cours des dernières années sont indéniables. La récente résolution 2729 du Conseil de sécurité de l’ONU, adoptée sans opposition, en est la confirmation. Mais peu mentionnent que cette avancée est due, en partie et de manière indirecte, aux erreurs et à la rigidité de la politique étrangère algérienne.

En Afrique du Nord, les contrastes diplomatiques sont devenus de plus en plus visibles. Pendant des décennies, l’Algérie a maintenu une stratégie fondée sur un discours idéologique fermé, marqué par la méfiance envers la France et la fidélité à ses anciennes alliances avec la Russie et certains régimes africains. Cette ligne l’a laissée à la traîne face aux changements régionaux et mondiaux.

Le Maroc, pour sa part, a opté pour une diplomatie ouverte et pragmatique. Il a normalisé ses relations avec Israël, renforcé sa coopération avec l’Europe et les États-Unis, et élargi sa présence en Afrique à travers des investissements et des projets conjoints. Ce faisant, il a gagné en influence dans des domaines clés tels que l’énergie, la sécurité et la migration, tandis que l’Algérie a perdu en visibilité internationale.

Le conflit du Sahara occidental reste le principal point de friction entre les deux pays. L’Algérie a concentré une grande partie de ses efforts diplomatiques sur cette question, tandis que le Maroc en a fait un instrument de projection internationale. La proposition marocaine d’autonomie bénéficie aujourd’hui du soutien de puissances comme les États-Unis, ainsi que de nombreux pays africains et arabes.

La rupture des relations diplomatiques en 2021 a marqué un tournant. De nombreux analystes estiment que cette décision a réduit la marge de manœuvre de l’Algérie, alors que le Maroc consolidait sa stratégie avec des initiatives telles que le gazoduc Maroc–Nigeria, destiné à renforcer la coopération énergétique africaine.

À cela s’ajoute la différence de ton. Les déclarations dures de certains responsables algériens ont projeté une image de tension, face à l’attitude plus modérée et dialoguante de Rabat, qui a su capitaliser sur son image de pays stable et constructif.

Sur le plan économique, les trajectoires divergent également. L’Algérie dépend toujours du gaz comme principale source de revenus, tandis que le Maroc a diversifié son économie en développant les énergies renouvelables, l’industrie et les infrastructures. Ce choix a renforcé sa présence en Afrique subsaharienne et en a fait un partenaire attractif pour les grandes puissances.

Dans l’ensemble, les évolutions récentes révèlent deux approches opposées : une Algérie qui réagit et un Maroc qui anticipe. Dans ce contraste s’est construit, peut-être sans que l’Algérie ne le veuille, une grande partie du succès diplomatique marocain.

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