Hassan El Fad : « Je pense que j'ai une carrière ordinaire d'un humoriste dans un pays comme le nôtre, et je considère à la fois que je suis chanceux

14 mai 2022 - 15:00

L’humoriste marocain Hassan El Fad a chaleureusement accueilli Alyaoum24, au cours d’une interview ou la star du rire partage avec nos lecteurs ses réflexions, ses habitudes, ses doutes, et ses ambitions. Un grand moment de partage !!!

 

Alyaoum24 : Comment s’est passé votre Ramadan ?      

le ramadan s’est très bien passé , j’ai continué à travailler comme avant le ramadan avec le plus-value du charme de l’ambiance de ce mois sacré ,repas familial, rencontres avec les proches et aussi beaucoup de travail.

Alyaoum24 : Comment évaluez-vous votre dernière série ?  

Concernant  l’actuelle série – Ti Ra Ti-, bien sûr on n’est jamais toujours bien satisfait de ce qu’on fait, on a toujours envie d’ajouter d’enlever ou de modifier certaines choses.  Donc on est jamais à 100 % satisfait on a toujours des petites frustrations parfois  même des grandes.  J’ai commencé à écrire en août 2021, avec le recul j’aurais souhaité retravailler certains personnages, certains profils, certaines scènes,  à chaque étape de production  on a  un cumul de petites frustrations mais globalement je suis satisfait de ce qu’on a fait c’est  très difficile car il faut se dépasser à chaque fois, fidéliser les gens et en même temps surprendre et être frais surtout dans  le format court C’est toujours pénible  de s ‘en sortir mais c’est aussi le charme de cet exercice.

Alyaoum24 : Certains vous reprochent une sorte de redondance dans vos personnages ?

C’est des profils de personnages totalement différents, des fois la comparaison se fait d’une manière très artificielle. Ce qui n’est pas pertinent puisque les caractères qui sont interprétés autour de Kabbour sont totalement différents, nous avons une -CHAIBIA- un caractère fort une femme intègre qui a de la force et c’est un personnage qui est très confirmé, qui tient tête, qui n’est pas un faire-valoir de Kabbour mais qui tient tête à Kabbour.  -FATIHA- elle est un caractère plutôt doux, qui reçoit plus, dans le passé est méconnu jusqu’à maintenant.

 Les deux caractères sont totalement différents dans la fiction, c’est toujours difficile comme pour -LAHBIB- par exemple un caractère faible qu’il faut  interpréter avec force, et c’est ça qui rend le travail des acteurs pertinent, c’est comme Fatiha, c’est un personnage qui est relativement faible mais il faut le porter avec force et c’est ce que fait Mounia.

 Donc c’est l’écriture des fois qui fait que le personnage est faible parce qu’on a besoin de ces personnages faibles, des personnages forts, des faire-valoir, des secondaires et donc la comparaison que font beaucoup de gens n’est pas pertinente c’est des personnages totalement différents. 

Alyaoum 24 : La série « LCOUPLE » sera-t-elle la seule avec plusieurs saisons ?

            Oui -LCOUPLE- est une exception, on a été très inspirés pour écrire une première saison et il était très difficile de rajouter une deuxième parce qu’il ne faut pas oublier que nous sommes avec deux vieillards, dans un huis-clos, c’est ça qui a donné l’intensité, bien sûr il y a tout le reste l’interprétation, le scénario, la mise en scène et tout. Mais le genre d’huis-clos a donné beaucoup d’intensité.  

Quand on fait des huis-clos, on concentre  beaucoup d’attention sur les personnages dans un espace clos, c’est ça qui a donné de la force à cette série, mais ça reste dans le huis-clos. On a envie de sortir, on a envie d’oxygéner, d’airer, d’aller faire d’autres choses, d’aller dans d’autres espaces, de faire intégrer d’autres personnages.

Pendant la deuxième saison de -Lcouple-, C’était très laborieux d’aller chercher des gags, parce qu’il faut éviter ce qu’on a fait dans la première saison, ramener du nouveau, et ça nous a pris trois fois plus de temps que dans la première saison , c’est dure à expliquer à quel point c’était  laborieux, et très difficile pour arriver à 60 épisodes d’un couple de vieux dans un huis-clos. Donc il fallait sortir, et si on avait fait une troisième saison, je suis certain aujourd’hui, que les gens ne vont pas aimer,  on a laissé  souffler dans le genre du huis-clos, donc on s’est contenté de deux saisons que les gens aiment, regardent et continuent de regarder.  J’ai préféré donner de  l’horizon à kabbour et donner des nouvelles perspectives à ces personnages ailleurs que dans un huis-clos avec Chaibia.

Alyaoum24 : suiviez-vous une série ou des films durant le Ramadan ?

 Je ne regarde pas quelque chose en particulier, je regarde un peu de tout, donc je n’arrive pas à développer une idée. Je regarde la télévision de moins en moins parce que les films je vais les regarder au cinéma, je n’arrive pas à regarder les films à la télévision, sinon je regarde un petit peu , pour savoir ce qui se fait plus par un soucis professionnel , mais en tant que personne, je n’ai pas suivi une série particulière , il m’est arrivé de suivre des séries marocaines quand les conditions me le permettent mais pas pendant le Ramadan car je me déplace beaucoup et je ne suis pas dans mon quotidien habituel pour développer des habitudes télévisuelles. 

Alyaoum24 : Comment évaluez-vous l’évolution des humoristes marocains ?

Ce qui est génial, c’est que les jeunes humoristes créent eux même leurs mode humoristique  car aujourd’hui un jeune qui a du potentiel, qui a son univers, qui est capable de créer du contenu, d’aller sur scène pour rencontrer le public peut le faire avec une certaine facilité. En plus, le public marocain développe un engouement pour le direct. En effet,  après plusieurs décennies dans l’intermède  des paraboles, des DVD, maintenant les marocains ont un engouement pour sortir voir des divertissements et c’est deux paramètres qui font aujourd’hui qu’il y a une bonne dynamique humoristique au Maroc, d’une part, il y a de la demande et d’autre part, il y a des jeunes qui font des bonnes propositions, ces jeunes sont là parce qu’ils ont eu des expériences inspirantes, ils sont influents soit au Maroc soit à l’étranger. Et je pense qu’aujourd’hui la communauté humoristique marocaine se porte très bien.

Alyaoum24 : La période du confinement durant la pandémie vous à t’elle lourdement impacté ?

Pendant la fermeture des théâtres, on a eu quelques cafouillages, des annulations au début des mesures sanitaires, notamment une annulation d’une tournée au Maroc, c’était  pareil pour la reprise , j’ai moi-même choppé le virus et donc je n’ai pas pu assurer une date à Montréal, puis des dates ont été annulées au Canada, aux Etat unies parce que les théâtres ont fait les frais de la  réglementation  qui change d’un pays à l’autre, et c’est ça le problème ; on ne pouvait pas faire des représentations ou des tournées dans plusieurs pays comme ce qu’on faisait auparavant.

 Il faut savoir que dans mon métier ce qui demande le plus de temps  c’est l’écriture, donc j’ai changé un petit peut mes priorités pour m’adapter et j’ai commencé à écrire et à faire des vidéos au lieu de jouer du direct, donc, j’ai juste switché de projet pour  privilégier plus l’écriture pendant la pandémie que le spectacle en direct.  

Alyaoum 24 : Avez-vous rencontré le ministre de la culture ?

Non, je n’ai pas eu l’occasion de rencontrer l’actuel ministre de la culture mais globalement je sais que c’est un ministère qui a une marge de manœuvre assez restreinte. Mais il a aussi la possibilité d’améliorer beaucoup de choses. Pour moi, la priorité est de relancer la dynamique positive qui existait dans les  théâtres avant la pandémie, et qui était crée par les hommes et les femmes du théâtre au Maroc. Donc je pense que s’il y a une urgence, c’est bien ça. Tout le monde est conscient que c’est une urgence, mais rien de tangible pour l’instant rien n’est fait et je ne sais pas pourquoi.

Alyaoum24 : Qu’elles sont vos moments de bonheur préférés ?

Mes moments de bonheur sont des moments très simples, très sobres, très humbles, limites un peu mystiques, ça peut être vraiment des petites choses de la vie qui peuvent me rendre très heureux, ça peut être un café, une discussion, un échange, un regard, la nature…

Alyaoum24 : Qu’elles sont vos pires moments ?

Mes pires moments c’est quand je me trouve face à la bêtise humaine et je suis quelqu’un qui gère très mal ce face à face, je ne sais pas le vivre, je ne sais pas le gérer.

Alyaoum24 : Comment évaluez-vous votre parcours ?

Mon bilan pour mon modeste parcours et le suivant,  je suis très content, j’ai vécu des frustrations, j’ai vécu des échecs, j’ai vécu du succè. Je pense que j’ai une carrière ordinaire d’un humoriste dans un pays comme le nôtre, et je considère à la fois que je suis chanceux même si des fois, je suis frustré de ne pas pouvoir faire tout ce que je veux, mais je pense que c’est le cas de tout le monde.

Alyaoum24 : Qu’elles sont vos projets pour le futur ?

En ce qui concerne mes projets, je reprends la rédaction, je suis sollicité pour rédiger un scénario pour des producteurs canadiens  dans lequel je suis prévu pour jouer le premier rôle. En plus de la reprise de la tournée  de ‘’who is kabbour’’ de là où  elle c’était arrêtée  et préparée l’après ‘’who is kabour’.

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