Une loi a voté le droit au "congé menstruel" en Espagne

17 février 2023 - 10:52

Présentée en décembre 2022, la loi « des congés menstruels » a été votée en Espagne. Une première en Europe qui brise des tabous et introduit les débats sur les questions de l’avortement.

Désormais, les jeunes filles et femmes espagnoles qui ont des règles douloureuses ont droit à « un congé menstruel ». C’est une loi ferme votée ce jeudi par la chambre des députés espagnols du gouvernement de Pedro Sanchez. Irene Montero la ministre de l’égalité a déclaré « C’est un jour historique pour la condition de la femme! « . La député du parti de gauche radicale Pandemos avait déclaré à la présentation du projet de loi au parlement espagnol en décembre, adopté avec 190 voix favorables, 154 contre et 5 abstentions, « Nous reconnaissons la santé menstruelle comme faisant partie du droit à la santé et nous combattons la stigmatisation et le silence ».

Selon cette loi, « l’arrêt de travail d’une femme en cas d’incapacité liée au cycle menstruel », associé par exemple à « des maladies telles que l’endométriose », serait « reconnu comme un cas particulier d’incapacité temporaire » de travail. Le texte de loi n’a pas précisé la durée de cet arrêt maladie, dont les femmes doivent obtenir un rapport médical pour en bénéficier et qui sera financé par la sécurité sociale.

L’Espagne est le premier pays européen à adopter cette loi qui brise un tabou et introduit les débats sur d’autres questions de la condition de la femme et de la famille comme l’avortement dans une Espagne de tradition catholique. Cette loi votée en Indonésie, au Japon et en Zambie, divise fortement les socialistes Espagnols, la considérant un frein évident au travail des femmes par des employeurs ne voulant pas ces absences. Du côté de l’opposition de droite du Parti Populaire, cette loi « va provoquer un effet contraire pour les femmes » entraînant « marginalisations, stigmatisations » et « conséquences négatives sur le marché du travail », a dénoncé la députée Marta Gonzalez Vazquez.

Ce projet de loi phare introduit d’autres grandes questions de la condition de la femme comme l’avortement. L’avortement a été dépénalisé en Espagne en 1985 puis légalisé en 2010, mais l’IVG reste un droit semé d’embûches dans ce pays de tradition catholique. La loi prévoit donc de renforcer l’accès à l’avortement dans les hôpitaux publics, qui pratiquent moins de 15 % des IVG dans le pays en raison notamment d’une objection de conscience massive des médecins et du manque de structures médicales dans le service public et l’absence de clinique spécialisée qui poussent des femmes à parcourir des centaines de kilomètres pour avorter dans certaines zones. Avec cette loi, les mineures dès 16 et 17 ans, peuvent avorter sans l’autorisation de leurs parents, marquant un retour sur une obligation instaurée par un précédent gouvernement conservateur en 2015. Ce projet de loi prévoit aussi un renforcement de l’éducation sexuelle dans les écoles ainsi que la distribution gratuite de moyens contraceptifs ou de produits d’hygiène menstruelle dans les lycées.

L’Espagne est un pays considéré comme une référence en matière de droits des femmes en Europe, notamment depuis l’adoption en 2004 d’une loi sur les violences de genre. Se revendiquant féministe, le gouvernement Sanchez compte plus de femmes que d’hommes.

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