Fatim-Zahra Ammor: " Nous avons l'ambition de doubler le nombre de touristes à l’horizon 2030 pour atteindre 26 millions de touristes

28 août 2022 - 12:56

Fatim-Zahra Ammor ,ministre du Tourisme, de l’Artisanat et de l’Économie sociale et solidaire, a accordée  une interview  exclusive à Alyaoum24, ou elle dresse son bilan, dévoile les grands axes de travail de son ministère, et affirme qu’elle travaille sur des produits touristiques familiaux et désaisonnalisés répondant à des niveaux différents de pouvoir d’achat.

 Comment se porte la saison estivale ?

La saison estivale 2022 se porte très bien. Le secteur du tourisme a montré des signes de reprise dès l’ouverture des frontières en février 2022. A partir de juin, nous avons constaté une accélération de cette reprise grâce à toutes les mesures mises en place par notre pays et l’ensemble des efforts déployés pour promouvoir la destination Maroc et mettre à niveau l’offre hôtelière et touristique. Les fruits de tout ce dispositif se reflètent clairement sur la saison estivale qui affiche des indicateurs au vert, que ce soit en termes d’arrivées, de nuitées d’hôtel ou de recettes touristiques en devises. Nous sommes heureux de constater que le mois de juillet enregistre des taux de récupération dépassant 90% des chiffres de 2019, une ambition que nous envisagions initialement à l’horizon 2023.

Quelles sont les répercussions de la crise liée au Covid-19 sur le tourisme national ? Et Quelles sont les actions menées par le Ministère pour faire face à cette situation ?

Le secteur du tourisme a été l’un des secteurs les plus touchés  par la crise du Covid-19 et ce partout dans le monde. Au Maroc, la crise a fait perdre au secteur par an environ 10 millions de touristes et 50 Milliards de dirhams en devises. Les emplois directs ont aussi été fortement impactés sachant qu’il s’agit d’un secteur qui emploie 5% de la population active du Maroc.

En janvier, le gouvernement a alloué une enveloppe de 2 Milliards de dirhams pour aider le secteur à faire face à la crise et préparer la reprise. La moitié de cette enveloppe a été dédiée au prolongement du versement de l’indemnité forfaitaire de 2000 dirhams pour l’ensemble des employés du secteur du tourisme, les transporteurs touristiques et les restaurants classés, le report des charges dues à la CNSS pendant six mois pour ces mêmes employés, l’établissement d’un moratoire relatif aux échéances bancaires et la prise en charge de la taxe professionnelle pendant 2 ans.

L’autre moitié, soit 1 Milliards de dirhams, a été dédiée aux établissements d’hébergement touristique pour la mise à niveau de l’offre hôtelière après 2 ans d’arrêt d’activité, afin de leur permettre d’accueillir à nouveau les touristes dans les meilleures conditions.

Quels sont les principaux points de votre stratégie pour une véritable relance de l’économie touristique ?

Notre vision est de doubler le nombre de touristes à l’horizon 2030 pour atteindre 26 millions de touristes. Pour y arriver, notre stratégie repose sur l’alignement de l’offre touristique et la demande internationale et nationale, en tenant compte du potentiel touristique de chaque région et aux nouveaux comportements et attentes des touristes post Covid. Cet alignement implique le renforcement de l’ensemble des filières touristiques y compris le tourisme rural et écologique, le renforcement des dessertes aériennes et la stimulation de l’investissement public/privé tout en le recentrant vers les produits touristiques prioritaires dont l’animation.

Neuf mois à la tête du Ministère du Tourisme de l’Artisanat et de l’Économie Sociale et Solidaire, quel bilan faites-vous ?

Un bilan très positif pour l’ensemble des secteurs relevant de ce Ministère. Pour le tourisme, le plan d’urgence de 2 Milliards a permis d’atteindre les résultats escomptés à savoir maintenir les emplois, soutenir les professionnels, et accélérer la mise à niveau de l’offre hôtelière de 737 établissements. Ces neufs mois ont aussi été marqués par le lancement de la marque «Maroc, terre de lumière, et ceci à travers une campagne de communication dans 20 pays pour stimuler la demande internationale.

Toujours dans ce contexte, nous avons pu sécuriser 4,25 millions de sièges pour la période estivale avec les compagnies aériennes ainsi que 2 millions de nuitées auprès des Tours Opérateurs. Le tourisme interne, qui a fait preuve de beaucoup de résilience et qui a porté le secteur pendant la crise, a aussi fait partie de nos axes stratégiques. Nous travaillons sur des produits touristiques familiaux et désaisonnalisés répondant à des niveaux différents de pouvoir d’achat. Et bien sûr nous continuons d’avancer sur les chèques voyages qui permettront de démocratiser le départ en vacances auprès d’un plus grand nombre de Marocains.

L’artisanat, quant à lui, a repris avec le retour de l’activité touristique et avec les efforts de promotion et de commercialisation au Maroc et à l’international. Les exportations ont connu une évolution importante de 30% à fin mai 2022, chose qui traduit l’engouement pour le produit artisanal marocain. Aussi, le secteur s’est inscrit dans le chantier Royal de la généralisation de l’AMO. Dans ce sens, nous avons lancé le Registre National de l’Artisanat pour l’identification et l’immatriculation des artisans au niveau de la CNSS.

Enfin, pour le secteur de l’Économie Sociale et Solidaire, nous avons lancé plusieurs programmes permettant d’accompagner les coopératives pour l’accès au financement ainsi que la formation pour les outiller en matière de commercialisation. Étant donné les forts enjeux économiques et sociaux liés à ce secteur, une réflexion stratégique est en train d’être menée, en parallèle, pour en faire le 3e pilier de l’économie de notre pays, aux côtés du secteur public et du secteur privé.

Mme la Ministre, une question qui suscite l’intérêt du grand public, Pourquoi les prix sont moins chers pour les touristes étrangers ?

Les prix des établissements touristiques classés varient en fonction de l’offre et de la demande et n’ont aucun lien avec la nationalité du touriste. Par exemple, une réservation de dernière minute va forcément induire des prix plus élevés et donc la planification en amont reste un levier important pour optimiser les prix. La période et le lieu du séjour conditionnent aussi les prix, sachant que durant la période estivale et plus particulièrement pour les zones balnéaires, la demande est telle que les prix sont naturellement plus élevés.

Les autres facteurs concernent le standing de l’établissement et les services offerts et le contexte dans lequel voyage le touriste. Des voyages organisés, en groupe ou alors voyageur seul ou en famille. La nationalité n’est en aucun cas un critère de tarification et cela peut se remarquer dans les plateformes de réservation où la nationalité ne figure pas dans la liste des filtres.

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