Le monde d’aujourd’hui est pris en tenaille entre des crises héritées du passé et d’autres plus complexes qui ont fait leur apparition au lendemain du déclenchement du conflit armé entre la Russie et l’Ukraine.
Cette myriade de crises, qui touchent à l’environnement, à la sécurité alimentaire, énergétique et sanitaire ainsi qu’aux perspectives de développement durable, prennent une allure « existentielle » et appellent un engagement urgent et sérieux pour épargner au monde les conséquences coûteuses de l’inaction.
C’est dans ce contexte que s’ouvrent ce mardi à New York les travaux de la 77è session de l’Assemblée générale des Nations Unies dans l’espoir de galvaniser les efforts pour trouver des solutions « transformatrices » à des défis complexes et imbriqués.
Lors de cette session qui retrouve les couleurs après deux années de crise liée à la pandémie de Covid-19, les chefs d’Etat et de gouvernement, des responsables d’organisations internationales et représentants de la société civile et d’ONGs se réunissent, dans la grande métropole américaine, pour examiner les perspectives et les solutions pour transformer l’état des lieux actuel et mener la barque de l’humanité à bon port.
De l’avis des observateurs et faiseurs d’opinion, le monde contemporain est aux prises avec des crises aux proportions sans précédent, exacerbées par le conflit entre la Russie et l’Ukraine, deux pays « importants » sur les plans alimentaire et énergétique.
Selon l’ONU, le conflit en Ukraine, intervenu dans la foulée de la pandémie de coronavirus, est en train de compliquer une année de besoins sans précédent, déclenchant une vague de faim collatérale qui se propage à travers le monde, transformant une série de “terribles” urgences alimentaires en une crise mondiale que l’on ne peut pas se permettre.
Lors d’une récente visite en Ukraine dans le cadre du suivi de l’accord russo-ukrainien sur l’exportation des céréales ukrainiennes via la Mer Noir, le Secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres a fait entendre cette réalité en mettant en garde contre la gravité de la crise alimentaire qui ne cesse de prendre de l’ampleur notamment dans les pays pauvres et ceux en voie de développement.
Il a spécialement interpellé les « pays riches » au nom des personnes vulnérables qui, partout dans le monde, subissent le poids de cette crise alimentaire, en déclarant: « Alors que les ports s’ouvrent, j’appelle les pays riches à ouvrir également leur porte-monnaie et leur cœur. Après tout, la bonne circulation des céréales ne signifie pas grand-chose pour les pays qui n’en ont pas les moyens ».
« Il est temps d’apporter un soutien massif, généreux, pour que les pays en développement puissent acheter la nourriture partie des ports ukrainiens – et que les gens puissent l’acheter. Les pays en développement doivent pouvoir accéder aux financements dès maintenant. Ils ont besoin d’un allègement de leur dette dès maintenant. Ils ont besoin de ressources pour investir dans leur population dès maintenant », a-t-il martelé.
Le chef de l’ONU a aussi souligné la nécessité de poursuivre les efforts visant à améliorer l’approvisionnement alimentaire mondial, à stabiliser les marchés et à freiner la flambée des prix, ainsi que d’œuvrer pour la paix, conformément à la Charte des Nations Unies et au droit international.
L’urgence climatique, qui s’est traduite cette année par des températures élevées à l’origine d’une série d’incendies dans plusieurs parties du monde, ainsi que par des intempéries dévastatrices et parfois meurtrières, est un autre casse-tête qui s’invite au menu de cette Assemblée générale qui se tiendra sous une nouvelle présidence assumée par le Hongrois, Csaba Kőrösi.
Pour le SG de l’ONU, le monde fait face à une triple crise planétaire du dérèglement climatique, de la pollution de l’air et de la perte de biodiversité, qu’il faut combattre à bas le corps et à tout prix afin de sauver la planète pour les générations actuelles et futures.
Autre « champ de bataille » qui occupera une place de choix dans les délibérations de la 77è session de l’Assemblée générale de l’ONU et de son débat de haut niveau prévu mardi prochain n’est autre que celui de la réalisation des objectifs du développement durable (ODD) d’ici 2030. De l’avis des experts, cette entreprise est désormais mise à mal par une succession de crises et l’incertitude qui règne dans le monde.
Évoquant cette nouvelle réalité lors d’un Forum politique de haut niveau sur le développement durable tenu récemment à New York, M. Guterres avait fait savoir que la réalisation des ODD requiert 4,3 milliards de dollars par an, « plus d’argent que jamais auparavant », en expliquant que la communauté internationale ne suit tout simplement pas le rythme des engagements qu’elle a pris.
Au vu des crises qui se sont cristallisées au cours de cette année en raison notamment du conflit en Ukraine, des observateurs et des diplomates à New York évoquent la possibilité de repousser, au-delà de 2030, la date de réalisation des ces objectifs.
Figure aussi parmi les problématiques « brûlantes » au menu de la nouvelle session de l’AG de l’ONU, la question de l’éducation qui a pris un coup à cause de deux années de crise sanitaire induite par la propagation de la pandémie de Covid-19. Dans ce cadre, le secrétaire général de l’ONU a prévu un sommet de haut niveau sur la transformation de l’éducation.
« Plus grand rassemblement d’apprenants et d’enseignants jamais organisé », le Sommet sera l’occasion de mobiliser l’ambition, l’action, la solidarité et les solutions, de ré-imaginer des systèmes éducatifs adaptés à l’avenir, et de générer un nouvel élan pour l’ODD 4 (éducation de qualité) et le Programme 2030 dans son ensemble, avait indiqué le porte-parole de l’ONU, Stéphane Dujarric.
Autant de crises et de défis qui entravent la marche du progrès et du développement dans le monde et qui ne peuvent être surmontés qu’à travers un engagement international sincère, basé sur la confiance, la solidarité et la coopération, comme l’a rappelé le nouveau président de l’Assemblée générale de l’ONU.