Le Maroc face au grand défi de la transition urbaine

16 septembre 2022 - 23:00

A l’instar de la plupart des pays émergents, le Maroc est confronté aux multiples défis que pose la transition urbaine qui s’accélère en ce premier quart du 21ème siècle. En près d’un siècle le taux d’urbanisation est passé de moins de 10% à près de 64% en 2021 et dépassera probablement les 70 % d’ici 2030.

Progressivement les espaces métropolitains sont devenus le cadre de vie de la majorité des marocains, le lieu de concentration des richesses, de la production industrielle, des commerces et services, des savoirs et savoir faire. Les villes sont également les lieux où les inégalités socio-spatiales sont les plus visibles et où les questions liées à l’inclusion sociale, à la transition énergétique, à la résilience, au changement climatique se posent avec une acuité particulière.
La planification territoriale et la production d’espaces de vie se trouvent en première ligne pour accompagner cette transition urbaine et concrétiser ces transformations aux différentes échelles, régionales, métropolitaines, communales et auprès des différentes unités de voisinage. L’ampleur des défis à venir impose la recherche de nouveaux modèles de planification et de modes d’habiter plus qualitatifs et plus innovants.
Certes, le Maroc, figure parmi les premiers pays qui ont pu mettre en place, dès le début du siècle dernier, un système de planification accompagné de réformes en profondeur du système de gouvernance territoriale, avec la mise en place d’agences urbaines et
d’opérateurs publics aménageurs. Et ce sont ces acquis qui lui ont permis d’accumuler au fil des années une expérience réelle et reconnue par les différents partenaires internationaux, en matière de planification et de gestion urbaine, ainsi qu’en matière d’appui technique et d’accompagnement des collectivités territoriales.
Mais l’intensification de la transition urbaine jointe à l’accélération des grands projets structurants initiés par Sa Majesté le Roi Mohamed VI, à la régionalisation avancée et au lancement du nouveau modèle de développement, imposent une nouvelle façon de penser et d’agir sur les territoires.
Le système de planification issu du siècle dernier est arrivé en fin de cycle. Il est devenu de plus en plus inadapté pour gérer les nouveaux défis auxquels sont confrontés les territoires.
La dynamique insufflée par Le souverain, à travers tout le Royaume, et l’accélération des mutations des territoires, exige une planification fondée sur des outils innovants avec une capacité croissante en termes d’accompagnement et d’appui technique aux collectivités territoriales, aux investisseurs comme aux citoyens, en vue de conjuguer toutes les initiatives pour soutenir le processus de développement de notre pays, après une crise sanitaire et économique.

Par ailleurs, la démographie galopante et l’urbanisation fulgurante que connait notre pays se traduisent par une forte demande en matière de logements, d’équipements et de services. Cette situation interpelle les pouvoirs publics à préparer davantage les territoires à la réception de ce nouveau flux urbain, d’encadrer le secteur immobilier, de cibler la production de logement, et d’accélérer les efforts de résorption du déficit en habitat.
Dans ce sens, l’accès au logement a été hissé en tant que droit constitutionnel depuis 2011, participant au bien-être et à l’épanouissement du citoyen. Il s’agit d’un secteur qui a aussi une portée économique contribuant au développement de l’économie dans sa globalité, favorisant entre autres, la création de postes d’emploi : le secteur de la construction emploie près d’un
million de personnes en moyenne annuellement.
Le soutien en faveur de cette composante socio-économique qu’est la production et l’accès au logement a été réalisé à travers la mise en place de réformes majeures visant la réduction du déficit en logements et l’amélioration des conditions de vie des populations d’une manière générale.

Ces réformes ont concerné les volets institutionnels à travers le renforcement de la filière publique et privée et la consolidation du partenariat public-privé, la création de fonds de soutien et d’appuis, l’octroi d’avantages fiscaux, la refonte de l’arsenal juridique et technique… Ces efforts ont été couronnés par la réduction du déficit en logements passé de 1.240.000 unités en 2002 à près de 368 300 unités en 2021, par l’amélioration des conditions de vie de plus d’un million et demi d’habitants.
Les résultats ont certes été probants, mais un changement de paradigme et d’approche est attendu nécessitant l’engagement d’une réflexion partagée et consensuelle. Prenant en compte une demande en terme d’habitat de plus de 2 millions d’unités (tous types confondus) et l’accroissement continu des ménages qui interpelle sur l’importance d’encourager l’offre en logements et de garantir un niveau de qualité en corrélation avec les exigences des acquéreurs, ceci est d’autant plus d’actualité eu égard à l’arrivée à échéance des programmes aidés par l’état.
Le contexte actuel, marqué par les crises mondiales : sanitaire, climatique, et de conflit entre pays, nous poussent à penser autrement la question du bien-être et d’accès au logement du point de vue coût et qualité. L’adaptabilité à cette conjoncture est appelée à être développée dans le cadre des nouveaux référentiels du Royaume du Maroc à savoir le Nouveau modèle de développement qui a orienté ce secteur vers une rupture d’avec la démarche actuelle et vers davantage de mixité sociale et fonctionnelle, et de soutien à la demande. Toutefois l’équation n’est pas toujours facile à résoudre ; les conditions de production sont de plus en plus difficiles eu égard à la flambée des prix des matériaux, au coût élevé de l’énergie et à la pénurie mondiale en terme de matières premières. Tous ces facteurs nous poussent vers une nouvelle manière d’appréhender l’accès au logement et les réformes à mettre en place.

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