À Berlin, les murs de la résidence de l’ambassadeur saoudien ont accueilli un théâtre poli de soies, de musiques et de pâtisseries. Dix-huit pays arabes ont défilé avec élégance sous la bannière du « Jour de la culture arabe », organisé par l’association des épouses d’ambassadeurs. À première vue, un événement mondain —à coups de dattes, de tapisseries et de caftans— mais en réalité, une vitrine géopolitique bien huilée.
Car ce genre d’événement ne se limite pas à exposer des objets artisanaux ou à faire danser des tambourins. Il s’agit de construire un récit, d’imposer une image. La culture devient un outil de diplomatie douce : moins visible que les discours de chancellerie, mais parfois plus efficace. Et dans cet exercice, le Maroc a su tirer son épingle du jeu.
Installé dans une tente décorée avec minutie, le stand marocain a proposé thé cérémoniel, mobilier traditionnel et un défilé de caftans d’une élégance redoutable. La première dame d’Allemagne, Elke Büdenbender, y a été reçue avec le sourire, un verre de lait et des gâteaux au miel. Ce n’est pas qu’un accueil : c’est une mise en scène. Une manière subtile de dire que l’hospitalité est un patrimoine, et qu’il peut s’exporter.
Derrière l’apparente convivialité, les messages circulent. Montrer la diversité du monde arabe tout en affirmant des identités nationales fortes. Rendre visible un héritage raffiné, apolitique en apparence, mais qui renforce la position de chaque État dans les imaginaires collectifs européens.
Bien sûr, ces rendez-vous évitent les sujets qui fâchent : droits, exils, censures. On préfère les épices à la parole libre. Mais cette stratégie est assumée. La diplomatie culturelle n’a pas vocation à contester : elle caresse, séduit, déploie. Et parfois, elle convainc.
Le Maroc, dans ce bal feutré, a dansé avec assurance. Entre artisanat, raffinement et mise en scène symbolique, il a rappelé qu’une nation peut parler haut —même sans lever la voix.