Quatre personnes ont été arrêtées à Gipuzkoa pour avoir facilité l’immigration illégale et exploité des travailleurs marocains grâce à un système de faux contrats de travail. Selon la police espagnole, le réseau exigeait jusqu’à 3 000 euros pour obtenir des permis de résidence et forçait ensuite les immigrés à travailler « au noir » dans des conditions précaires.
L’enquête, lancée en octobre 2024, a révélé une organisation structurée. Deux entreprises du secteur de la construction, l’une basée à Bizkaia et l’autre à Gipuzkoa, proposaient des offres d’emploi fictives à des Marocains afin d’obtenir pour eux des autorisations de résidence et de travail. Mais une fois arrivés en Espagne, ces travailleurs n’étaient pas employés par les sociétés en question. Ils travaillaient sous la direction de Y.Z., un homme marocain de 47 ans, sur des chantiers sans lien avec les entreprises, pour des salaires bien en dessous du minimum légal, sans horaires fixes ni respect des conventions collectives.
La police a découvert que depuis 2019, 19 personnes s’étaient installées fictivement dans un logement d’Irun et 16 autres dans des appartements de Saint-Sébastien, sans jamais y avoir résidé. Les travailleurs devaient payer 250 euros pour cet empadronamiento, en plus des 3 000 euros exigés pour la régularisation. Certains déclaraient aussi avoir dû effectuer des travaux au Maroc, comme des rénovations d’appartements, en guise de paiement complémentaire.
Une avocate spécialiste en droit des étrangers, membre du barreau de Gipuzkoa, intervenait dans la procédure comme représentante légale des entreprises. Après leur arrivée, les immigrés étaient inscrits à la sécurité sociale pendant de très courtes périodes, entre 13 et 26 jours, uniquement pour donner un vernis de légalité au dossier. Ensuite, ils basculaient dans le travail clandestin, sans protection ni droits.
La police espagnole poursuit l’enquête pour déterminer l’étendue réelle de cette exploitation. Ce réseau illustre la vulnérabilité des travailleurs marocains face à des filières qui instrumentalisent leur désir de régularisation et d’avenir meilleur en Europe.