Le ciel marocain vit une transformation silencieuse mais décisive. L’Office National des Aéroports (ONDA) a engagé une profonde réorganisation interne afin d’adapter le pays à sa stratégie ambitieuse « Aéroports 2030 ». Objectif : faire du Maroc un hub aérien à la hauteur de ses ambitions touristiques, logistiques et sportives. La réorganisation touche des postes stratégiques, avec de nouvelles nominations et concours, signe d’une volonté de moderniser la gouvernance autant que les infrastructures.
Les chiffres confirment l’urgence. En 2023, le trafic passagers a bondi de 32 %, et en 2024 il a atteint près de 33 millions, soit une hausse de 21 % par rapport à l’année précédente. Casablanca approche sa capacité maximale, tandis que Marrakech, Agadir et Tanger enregistrent des croissances supérieures à la moyenne nationale. Selon les projections, le Royaume dépasserait les 36 millions de passagers fin 2025, et viserait 80 millions à l’horizon 2030. Autrement dit, le double de sa capacité actuelle.
Mais il ne s’agit pas uniquement d’accompagner une tendance haussière. Dès ce mois de juillet, le Maroc accueille la CAN féminine, avant la CAN masculine de 2026 et surtout la Coupe du monde 2030, coorganisée avec l’Espagne et le Portugal. À Casablanca, une nouvelle terminale reliée au futur TGV, ainsi qu’une nouvelle piste et une tour de contrôle, sont prévus. Rabat, Marrakech, Agadir, Tanger et Fès bénéficieront également d’extensions majeures.
Au-delà de la capacité, l’expérience passager est au cœur du plan. Digitalisation, réduction des délais de contrôle, nouveaux espaces commerciaux : l’ONDA promet une « refonte radicale » de ses processus. Son directeur général, Adel El Fakir, l’a souligné en février : « Il ne s’agit pas seulement de préparer la Coupe du monde, mais de répondre au boom structurel du trafic et de faire de nos aéroports de véritables hubs multiservices ».
Le tourisme marocain, moteur de cette dynamique, a accueilli 15 millions de visiteurs internationaux en 2023. L’essor des compagnies low-cost et l’ouverture de nouvelles lignes soutiennent cette croissance. Pour 2025, tous les indicateurs prévoient un nouveau record, avec des augmentations à deux chiffres.
Cependant, cet essor pose des défis logistiques immédiats. Les pics estivaux saturent déjà Casablanca et Marrakech. D’où l’enjeu de la réorganisation : l’ONDA envisage de se transformer en société anonyme, d’investir dans la formation de ses 2.600 collaborateurs, de recruter de nouveaux profils et de renforcer son autofinancement.
Si le Maroc parvient à concrétiser sa feuille de route « Aéroports 2030 », il s’affirmera comme un carrefour incontournable entre l’Afrique, l’Europe et le Moyen-Orient. L’ampleur des investissements et la rapidité de mise en œuvre font de ce projet l’un des plus grands défis logistiques du continent pour la prochaine décennie.
